Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Éric Brunet, le franc-parler de LCI

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

Éric Brunet est du genre bavard. En même temps, le journalist­e qui a officié pendant plus de dix ans sur RMC a des choses à dire puisqu’il vient de rejoindre LCI mais aussi RTL. « Je vais mettre en place ce que j’ai toujours rêvé de faire », lance-t-il d’entrée. Et pour cause, Brunet vient de prendre le volant de la tranche 10-12 heures sur la chaîne du groupe TF1 sous le nom Brunet direct où les téléspecta­teurs vont pouvoir intervenir en direct sur des débats d’actualité. « La chaîne ne m’a mis aucune pression. On veut construire sur le long terme et prendre notre temps » ,détaille-t-il avant d’aborder sa nouvelle vie.

Quelle a été la genèse de votre arrivée sur LCI ?

Cela faisait plusieurs années que je discutais avec LCI, je voulais faire une minirévolu­tion avec un concept d’émission où les téléspecta­teurs puissent nous appeler afin de participer pleinement aux débats. On s’était déjà parlé avec LCI en  mais techniquem­ent ce n’était pas possible. Et puis là, on s’est dit oui. En télévision, on n’innove jamais vraiment mais on voulait avoir la possibilit­é pour chaque téléspecta­teur avec des arguments de pouvoir débattre, d’égal à égal, avec les experts présents sur le plateau. On a un numéro d’appel dédié à l’émission, c’est inédit à la télévision. Avec Skype, Zoom ou les nouvelles applicatio­ns, c’est très facile de passer à l’antenne et de participer à un débat, on va s’appuyer dessus.

Où se situe la difficulté de mettre en place ce projet à la télévision ?

À la radio, vous avez quelqu’un qui a un fichier d’auditeurs, qui appelle en amont, qui s’assure que l’auditeur est dans le ton, qu’il maîtrise bien le thème avant de le passer à l’antenne. Il fallait créer ce poste à LCI. Une personne qui s’occupe exclusivem­ent des téléspecta­teurs. Là, il m’arrive de garder le même téléspecta­teur pendant une heure à l’antenne. J’ai besoin de gens qui ont un rapport au sujet que je traite. J’aime l’idée d’une grande pizza où chacun est un ingrédient du débat. L’avis d’un médecin de Draguignan qui a traité des patients de la Covid- est aussi pertinent qu’un expert en plateau. Il faut avoir un autre éclairage que l’entre-soi parisien, qui parfois peut être incestueux. C’est important de ne pas avoir que des références parisienne­s.

En quoi un débat d’idées est-il différent à la télévision par rapport à la radio ?

Le débat est très français, même la séparation gauche-droite date de la Révolution française. La seule chose que je voulais, c’était surtout mettre en place un débat où on ne s’interdit pas de faire participer des gens de qualité même s’ils ne sont pas experts.

On vous a parfois catalogué d’être populiste...

C’est révoltant. C’est quoi, être populiste ? Donner la parole à un médecin de Clermont-Ferrand qui a soigné des gens de la Covid, c’est être populiste ?

Comment vous définir politiquem­ent ?

On dit que je suis plutôt un type de droite parce que j’étais le premier à dire qu’il y avait une majorité de journalist­es de gauche dans la presse. C’était en , le rapport s’est équilibré mais ça n’est plus mon combat, je n’ai pas l’âme d’un colleur d’affiches. Mon combat n’est plus politique. Ma liberté, c’est de traiter les grands sujets par un prisme différent qui n’est pas celui de la majorité des journalist­es. Je regrette que dans notre profession, on chasse en meute. C’est important d’arrêter de s’autocensur­er dans ce métier, de ne pas avoir de sujet tabou comme celui de la fraude aux prestation­s sociales que j’ai récemment abordé dans l’émission. J’ai grandi profession­nellement avec Guillaume Durand et Thierry Ardisson qui m’ont toujours appris une chose importante : avoir un regard différent. Trouvez des angles différents aussi.

On vous assimile souvent à Jean-Jacques Bourdin...

J’ai longtemps travaillé avec lui sur RMC.

Il a une capacité à prendre du temps avec les auditeurs. Il m’a toujours dit que la personne la plus importante de sa matinale n’est pas le député qu’il reçoit mais l’auditeur qui appelle à  h  depuis Colmar. Dans une radio où tout est chronométr­é, il prenait le temps de discuter avec les auditeurs. C’est lui qui avait raison. C’est ce que j’essaie de garder sur LCI.

Il y a une autre case sur LCI le vendredi soir...

C’est un moment différent, j’invite des éditoriali­stes qui vont porter un regard décalé sur la semaine que l’on passe au rayon X. Aucune langue de bois. On se lâche avec la distance nécessaire, de la fantaisie et de l’humour. J’aime bien le titre Les Agitateurs. C’est la première fois que je trouve un bon titre dans ma vie. (rires)

Vous n’avez pas non plus fermé la porte de la radio puisque vous avez rejoint RTL.

J’avais envie de continuer à faire de la radio même si LCI me prend  % de mon temps profession­nel. J’ai remplacé Alain Duhamel le vendredi soir pour passer en revue l’actualité de la semaine ainsi qu’une émission le dimanche, Où va la France ?, où j’analyse les grands sujets d’actualité de la semaine. Je suis très content car je viens de rejoindre deux grandes maisons.

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