Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

C’est jouable pour le Gym

A cinq semaines du départ, le skipper et auteur Toulonnais monte sur les planches du Théâtre Liberté pour nous replonger dans son épique

- PROPOS RECUEILLIS PAR NATHALIE BRUN nbrun@nicematin.fr

Le 11 mars 2017, Sébastien Destremau franchissa­it la ligne d’arrivée de la plus mythique des courses à la voile, le Vendée Globe. Un tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, trois océans à boire cul sec, autant de caps majeurs à passer... Moins d’une centaine de skippers ont réussi à boucler en trente ans cet « Everest des mers ». Le Toulonnais – qui avait oublié ses chaussures d’intérieur – est sans doute le seul à l’avoir faite en tongs ! Détenteur de six titres mondiaux, second de la Route du Rhum 2018, ce battant attachant et rocamboles­que, journalist­e, écrivain et poète, fait souffler un grisant vent d’aventure au Théâtre Liberté à Toulon, avec Le Tour du monde en 124 jours, dans le cadre de la Théma « Passion Bleue ». Accompagné contre vents et tempêtes par la violoncell­iste Sarah Tanguy, le marin-conteur nous replonge dans ce fameux Vendée Globe 2016-2017, entrepris avec très peu de moyens mais avec une gnaque dantesque. Une heure dense, palpitante et profonde, à partager jusqu’à ce soir encore avec ce rebelle qui parle aux albatros, et qui remet les voiles dans cinq semaines pour le Vendée globe 2020.

Comment est venue l’idée de monter ce spectacle ?

C’est sur les conseils de mon éditeur, quand mon livre Seul au monde a été publié chez XO. Le responsabl­e des auteurs a trouvé que c’était une histoire que je devais raconter sur scène. Donc ça a pris un peu de temps… Le temps que j’accepte l’idée, que je l’ingurgite et que je la digère, parce que je ne suis pas acteur. Je trouvais ça sympa, mais pas avec moi pour interprète. Et puis, au fur et à mesure, je me suis dit : ‘‘pourquoi pas ?’’.

Qu’est ce qui est le plus éprouvant, la scène ou le tour ?

Ce sont des choses très différente­s, mais je découvre grâce au Vendée Globe, des choses que je n’aurais jamais pu découvrir autrement. Pour moi c’est un tout, en fait. J’ai eu la chance de pouvoir préparer le Vendée Globe et de pouvoir le faire. Ce sont deux aventures qui sont extraordin­aires l’une et l’autre. Et depuis, il y a plein de belles choses qui se passent, et ça fait aussi partie du Vendée Globe. Je suis intimement convaincu que c’est une course pour certains, et autre chose pour d’autres. J’ai eu la chance de pouvoir faire un bouquin et un livre audio. J’ai pu le diffuser en version BD, le tome deux sort la semaine prochaine. Il y a une ligne de bijoux qui sort en ce moment, ce spectacle aussi en ce moment, et le Vendée Globe dans un mois.

Ça ne fait pas un emploi du temps un peu chargé ?

C’est vrai, ça fait beaucoup. Mais c’est comme ça que j’ai envie de le faire. Au détriment « de », bien sûr, j’en suis conscient. Je pourrais être beaucoup mieux préparé, peut-être, pour ce deuxième Vendée Globe. Mais, moi, je n’ai pas d’objectifs de résultats sportifs, ni d’objectifs de résultats comptables sur le Vendée Globe. Je finirai là où je finirai. Si j’arrive à finir ce sera une victoire. La place, je m’en fous. C’est comme ça que j’ai envie de vivre le Vendée Globe. Parce que je pense qu’il permet ça. Ça ne veut pas dire que tout le monde doit faire comme ça.

Lorsqu’on voit le spectacle, on comprend à quel point vous avez touché le bout des limites et l’aventure intérieure que représente cette prouesse. Comment vous préparez-vous, mentalemen­t ?

La volonté. L’envie d’y aller et d’aller jusqu’au bout. D’aller le plus loin possible surtout. Et ça suffit. Pour moi, c’était suffisant. Quand on décide de faire le Vendée Globe, on se fait une promesse. Cela peut être pour le Vendée Globe ou pour n’importe quoi d’autre, comme refaire sa cuisine. Chacun a son Vendée Globe. Il y en a pour qui refaire sa cuisine, c’est compliqué techniquem­ent. Moi, c’est le Vendée Globe. Mais à partir du moment où vous décidez de faire ça, vous allez amener des gens avec vous. Des gens qui vont vous aider à fabriquer la cuisine, à la dessiner, à la cogiter... C’est une aventure collective. Alors bien sûr, le Vendée Globe, ça réunit plus de monde, il y a plus de cercles autour, avec d’abord la famille. Le

Vendée Globe ce n’est pas grandchose par rapport à tout ce qui est autour. Ça se joue au théâtre, ça se chante... ça touche tout le monde.

Quand on arrive au point Nemo, qu’est-ce qu’on touche du doigt ?

J’ai eu la chance immense d’arriver au point Nemo le jour de l’anniversai­re de ma fille. J’étais à  kilomètres à peu près, donc pas loin, vu l’immensité du Pacifique. Je suis passé à raz du point Nemo le  janvier, c’était une chance incroyable ! Et vous savez quoi ? Ma fille habite à Biarritz. Elle va prendre sa bagnole et elle vient voir le spectacle ce samedi soir. C’est génial ! S’il a fallu que je fasse le tour du monde et que j’aille lui envoyer ce message depuis le point Nemo, pour que je retrouve ma fille, ben ça valait largement le coup !

texte et interpréta­tion : Sébastien Destremau ; mise en scène : Eric Zanettacci ; violoncell­e : Sarah Tanguy. Aujourd’hui, samedi 3 octobre, à 20 h.Théâtre Liberté à Toulon. Dans le cadre de la thématique « Passion bleue ». Rens. chateauval­lon-liberte.fr

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