Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Islamisme : Macron appelle à un « réveil républicain »
Dénonçant « un endoctrinement qui a grandi ces dernières années », il a présenté hier les mesures du projet de loi sur les séparatismes, annoncé pour le 9 décembre
En se défendant de stigmatiser les musulmans, Emmanuel Macron est passé à l’offensive hier contre l’islam radical avec le renforcement des contrôles à tous les niveaux, un dossier devenu l’angle d’attaque favori de la droite et de l’extrême droite à 20 mois de la présidentielle. « L’islamisme radical est le coeur du sujet : nommons-le », a déclaré le chef de l’État, comme en réponse à ceux qui l’accusent d’avoir peur du terme, avant d’évoquer le contenu d’un projet de loi contre les séparatismes devant être présenté le 9 décembre. Il a détaillé une panoplie de mesures concrètes qui visent tous les lieux suspects de diffuser l’idéologie islamiste, « un endoctrinement qui a grandi ces dernières années ». Pour justifier cette offensive plus poussée qu’attendue, il a longuement énuméré des exemples chocs, comme ces écoles parallèles qui n’enseignent que des prières, profitant d’une « montée inquiétante de la déscolarisation ».
● L’enseignement à la maison quasi interdit
Première grande annonce du chef de l’État : l’instruction scolaire à domicile sera, à partir de la rentrée 2021, « strictement limitée, notamment aux impératifs de santé ». L’instruction deviendra donc obligatoire au sein de l’école dès l’âge de 3 ans. « C’est une nécessité. J’ai pris une décision sans doute l’une des plus radicales depuis les lois de 1882 et celles assurant la mixité scolaire entre garçons et filles en 1969 », a-t-il estimé. « Aujourd’hui, plus de 50 000 enfants suivent l’instruction à domicile, un chiffre qui augmente chaque année » ,aprécisé le chef de l’État. « Chaque semaine, des recteurs et rectrices trouvent des cas d’enfants totalement hors système » . Le président a entre autres évoqué des parents d’élèves qui refusent de mettre leurs enfants au cours de musique ou à la piscine, entraînant « la déscolarisation ». Enfin, les écoles hors contrat « feront l’objet d’un encadrement encore renforcé », avec « des fermetures administratives quand elles s’imposent ».
● Former les imams et enseigner l’arabe
« Libérer l’islam de France des influences étrangères » : c’est également l’un des objectifs ce plan d’action, en mettant fin « de manière apaisée » au système de formation des imams à l’étranger et en renforçant le contrôle sur son financement. Le Président a aussi plaidé pour « enseigner davantage la langue arabe à l’école » ou « dans un périscolaire que nous maîtrisons » car « notre jeunesse est aussi riche de cette culture plurielle ». L’État doit également « s’engager et soutenir ce qui doit, dans notre pays, permettre de faire émerger une meilleure compréhension de l’islam », a ajouté le chef de l’État en annonçant la création d’un « institut scientifique d’islamologie » et de « postes supplémentaires dans l’enseignement supérieur ».
● Neutralité renforcée dans les services publics
Constatant que des « dérives » s’étaient installées « lorsque le service public était concédé », par exemple dans des entreprises de transport, Emmanuel Macron a annoncé que « l’obligation de neutralité sera applicable aux agents publics dans le cadre évidemment de leur action, mais surtout elle sera étendue aux salariés des entreprises délégataires, ce qui n’était pas clairement le cas » jusqu’à présent.
● Une charte pour les associations
« Toute association sollicitant une subvention auprès de l’État ou d’une collectivité territoriale » devra signer un « contrat de respect des valeurs de la République » représentant une « charte de la laïcité ». De plus, les motifs de dissolution des associations, jusque-là « très limités » selon le chef de l’État, seront « étendus » et incluront ainsi l’ «atteinte à la dignité de la personne » et les « pressions psychologiques ou physiques ».
● Lutter contre la « ghettoïsation » des quartiers
« Nous avons concentré des populations en fonction de leurs origines, nous n’avons pas suffisamment recréé de mixité, pas assez de mobilité économique et sociale » et, « sur nos reculs, nos lâchetés, ils ont construit leur projet », a souligné le président, dénonçant la « ghettoïsation » des quartiers, un « terreau » sur lequel prospère ce «séparatisme islamiste ». Il a évoqué « les insuffisances de notre politique d’intégration » et affirmé que « la promesse de la République n’a plus été tenue » dans ces quartiers. Quant au « passé colonial » de la France, certains « traumatismes » n’ont « toujours pas été réglés avec des faits fondateurs dans la psyché collective », a-t-il estimé.