Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Un éleveur rescapé à Tende, son frère porté disparu
Les agriculteurs azuréens sont meurtris, à l’instar des moyen et haut pays. La tempête Alex qui a dévasté les vallées des Alpes-Maritimes, vendredi, a durement frappé les exploitations et, surtout, les troupeaux. Un drame est d’ores et déjà signalé à Tende, où un homme est porté disparu. Deux frères ont été emportés par les flots furieux, dans la Roya, aux alentours de h. L’un d’eux a eu la vie sauve, au prix de ressources physiques admirables. Le second figure malheureusement parmi les personnes recherchées par les sapeurs-pompiers. Vendredi soir, le sort du « frère du berger » a souvent été évoqué en préfecture, au centre opérationnel départemental de gestion de crise.
L’oléiculteur Jean-Philippe Frère, vice-président de la chambre départementale d’agriculture, raconte le drame. La scène s’est déroulée en contrebas du col de Tende, près de la bergerie où l’homme disparu prêtait mainforte à son frère. « Ils étaient en train de redescendre pour mettre les brebis en sécurité. Ils n’ont pas eu le temps. Au moment où ils passaient sous le pont, une grosse vague les a emportés. On pense qu’une retenue d’eau due à des branches a lâché. Ils n’ont rien pu faire… »
Les deux hommes ont été emportés avec les bêtes par les flots déchaînés. L’un d’eux « a réussi à s’accrocher à des branches. Il est resté ainsi pendant deux heures », rapporte Jean-Philippe Frère.
Selon lui, l’éleveur a pu être conduit à l’hôpital à Menton pour y
passer des examens. « Physiquement, ça va. L’aspect psychologique, en revanche… Il a perdu son frère, qui n’a toujours pas été retrouvé. Et ses animaux. » Ému par ce drame, Jean-Philippe Frère a « une pensée pour tous les agriculteurs qui ont été touchés,
et toutes les familles ». Il est particulièrement inquiet pour les éleveurs : « On reste sans nouvelles de plus de quinze d’entre eux. Ils sont tous en estive, et il n’y a pas de réseau. »
Par ailleurs, nombre de troupeaux ont été décimés, ou dispersés, dans les vallées sinistrées de la Vésubie, la Tinée et la Roya. « Beaucoup de routes sont coupées. Et beaucoup d’agriculteurs sont coupés de leurs animaux. Des mammites [inflammations mammaires, ndlr] risquent de survenir chez les vaches. » De graves difficultés en vue pour le
monde agricole, qui s’ajoutent au drame humain que vit au moins l’un d’entre eux.