Un paradis transformé en enfer

« De tous ces merveilleux petitsvillages,querestera-t-il? Combiendetempsfaudra-t-il pourretrouvercetarrière-pays niçoisquinousappartientàtous?

D’abord, il faut penser à ceux que l’on recherche encore, dont les proches, privés de communication, attendent des nouvelles, et souffrent, dans l’angoisse, en sachant que le bilan définitif sera plus lourd encore que celui d’aujourd’hui. Penser à ces habitants qui ont tout perdu en quelques instants, leurs maisons emportées par les flots, leur vie noyée dans la boue. On assure que dès aujourd’hui, à l’exception d’un ou deux villages, toutes les communes devraient être accessibles. Tant mieux. Mais de ces merveilleux petits villages, sur la Vésubie, la Tinée, la Roya, dans ces vallées que nous avons tous parcourues des dizaines, des centaines de fois, que restera-t-il, et combien de temps faudra-t-il pour retrouver l’arrière-pays niçois, celui qui nous appartenait à tous, et que nous aimons encore, et peutêtre plus, car le malheur l’a frappé ? Saint-Martin-Vésubie, si meurtrie, méconnaissable aujourd’hui, Roquebillière, Breil-sur Roya, nous les reverrons, bien sûr, et tous les autres endroits qui enchantent nos dimanches, car la vie finit toujours par gagner, et la volonté humaine aussi. Mais comment oublier ces maisons abattues, ces deux octogénaires prisonniers dans leur villa prise dans la crue du torrent devenu fou, tout ce qui a transformé un paradis en enfer, et tous ceux dont la tempête Alex aura brisé la vie ? Une seule image, forte, dans toutes celles que nous regardons depuis des heures. Celle d’un fils heureux tenant une femme plus agee par la main. « Je suis venu récupérer ce que j’aime le plus au monde », dit-il à ceux qu’il rencontre dans une petite rue dévastée : «Mamère.» Mais combien de malheurs pour ce bonheur-là ? En attendant, remerciements aux pompiers, gendarmes, aux forces de l’ordre qui ont eux aussi donné leur part à la catastrophe. Et solidarité de tous, comme nous a promis le Premier ministre.