Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

À Malaussène dans la vallée du Var, quatre maisons prises dans une avalanche de pierres

- V. A.

À Malaussène, dans la vallée du Var, la tempête a provoqué une avalanche de pierres qui a frappé quatre maisons, détruisant aussi le réseau d’alimentati­on en eau. « C’est ma maison qui m’a protégé. Elle a tenu bon. » Jacques Strugo, ex 3e adjoint de Malaussène, est encore tremblant. Vendredi, à cause de l’alerte rouge, il était venu chez lui, quartier des Clapières, sous le canal. Il voulait creuser des rigoles, bloquer les fenêtres… Il a failli y mourir, car une avalanche de pierres l’a percutée, avec trois autres en aval. « À 20 h, il pleuvait très fort, le Var était gros. J’ai senti un souffle, puis un roulis, une vibration. Et un choc, comme un tremblemen­t de terre. J’ai compris que la montagne déferlait sur la maison. Elle a été la première à recevoir une vague de pierres d’un ou deux mètres de haut. J’ai pensé que j’étais foutu avec elle, mais elle a tenu bon. J’ai eu l’instinct de fuir, redoutant une seconde secousse. Il y avait de l’eau et de la boue, des cailloux partout. L’avalanche s’était arrêtée au pare-chocs de la voiture, mais la route était impraticab­le. J’ai cherché un chemin dans la nuit et la pluie, je n’avais pas de torche. J’ai vu mon voisin sortir, je l’ai appelé à l’aide. Le temps qu’on se parle, la deuxième vague a frappé, elle s’est fracassée sur les maisons en aval. »

« On a marché sous les trombes d’eau »

Le cataclysme a fait d’autres victimes qui se retrouvent sans toit : « un voisin s’est extrait par la fenêtre avec son chien, trois familles en tout, avec des enfants en bas âge ou des personnes âgées. On a été évacués par les pompiers vers 22 h. On a marché sous les trombes d’eau en franchissa­nt de petits torrents jusqu’aux voitures. Ils nous ont descendus à Puget-Théniers. » La commune de Pierre Corporandy les a d’abord installés au gymnase, où beaucoup de personnes bloquées s’étaient réfugiées, puis en mairie où ils ont dormi à l’abri. Tous ont été hébergés ensuite à l’hôtel ou en mobile home.

Jacques Strugo a voulu retourner voir sa maison. « Le principal accès se faisant par le pont du chemin de fer, complèteme­nt envahi de pierres, on ne peut accéder aux clapières qu’en 4X4 par la ferme de l’Ablé. J’ai retrouvé ma maison enfouie sous les pierres, presque au toit. J’ai accédé au premier étage en cassant une fenêtre. Côté montagne, l’autre fenêtre et son volet ont été transpercé­s par un tronc. Il y avait un mètre d’eau au rez-de-chaussée et dans le jardin, un cratère de quatre mètres. » Hier, Charles-Ange Ginésy, apprenant cette catastroph­e, annonçait avoir l’intention d’aller sur place aujourd’hui. « Les 250 habitants du village sont privés d’eau, la canalisati­on est cassée comme la station de captage. La Régie de l’eau des Alpes d’Azur apporte des bouteilles… » Pour ce faire, impossible de dépasser la Mescla, la route de Grenoble est totalement effondrée. Le contournem­ent par la vallée de l’Estéron, Roquestero­n, La Penne, Puget-Théniers est le seul accès possible.

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(DR) La maison d’un voisin en aval de chez Jacques Strugo.

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