Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Au jour, l’Entreprise créa le clown

Dans le cadre de la programmat­ion du théâtre de Grasse, la compagnie marseillai­se propose ce soir et demain à Saint-Vallier-de-Thiey, avant des dates varoises, une création emplie de poésie.

- AURORE HARROUIS aharrouis@nicematin.fr

Dans la Genèse, Dieu, le sixième jour venu, créa à foison. Bestioles, animaux sauvages de la terre (les oiseaux et les poissons, il avait fait ça la veille) – et aussi, point non négligeabl­e : la femme et l’homme. C’est ce que va apprendre, sans trop le vouloir, le clown Arletti. Depuis 1984, Catherine Germain incarne sur scène ce clown Arletti, fruit d’une imaginatio­n commune avec François Cervantes, auteur et directeur artistique de la compagnie marseillai­se L’entreprise. Ce spectacle, ils l’ont remis sur l’établi à deux ou trois reprises depuis vingt-cinq ans. « On creuse le sujet. Mais le personnage du clown demeure intemporel. C’est un être intérieur qui échappe au déroulemen­t du temps », assure François Cervantes, qui a créé plusieurs spectacles de clowns, avant même que ces personnage­s parfois outrancier­s sortent des cirques pour apparaître sur les scènes des théâtres.

Entrée dans la lumière

Là, le registre est totalement différent. L’auteur qualifie le clown de « poète. Il est un poème à même la chair. Il est avec son corps comme l’auteur est avec le langage. » Dans ce solo singulier, Arletti vole le cartable d’un conférenci­er fatigué qui s’est endormi au pied d’un arbre en attendant l’heure de son interventi­on sur le vaste sujet de la Genèse, et elle entre dans la salle à sa place. La voilà à présenter la création des choses. « J’imagine le clown comme un curieux, qui a toujours envie d’entrer dans la vie des gens. Là, il le fait en prenant la place d’un homme. Il entre dans la lumière. Il semble tout hébété à la vue du public. Il ne sait plus dans quel ordre il faut faire les gestes, il ne sait plus quelle chemise il faut ouvrir. Il venait faire une conférence sur la Genèse, mais à cause du public et de la pesanteur, il nous montre la difficulté d’exister dans la lumière », détaille François Cervantes. Toute la question est aussi de déterminer si Arletti va être capable de parvenir, sans trop de problèmes, à ce sixième jour si crucial pour notre espèce. D’ailleurs, il n’est pas sûr qu’elle en ait vraiment envie. Et puis, est-ce que c’est une si bonne idée que ça de créer la femme et l’homme ? En guise d’essai, Arletti pourrait descendre dans le public voir à quoi ça ressemble vraiment, un homme. « Le contact avec le public est essentiel dans le spectacle, estime le metteur en scène. Avec Catherine Germain, on construit le cerveau droit d’Arletti en écrivant, en répétant, en jouant. Et chaque soir le public construit le cerveau gauche en direct. »

ce soir et demain à 20 h 30. À l’espace du Thiey de Saint-Vallier-de-Thiey. Tarifs : 12 et 18 Rens. 04.93.40.53.00. Ou sur theatredeg­rasse.com

La compagnie L’entreprise donnera aussi son spectacle du 10 au 13 décembre au théâtre Liberté de Toulon. Et le spectacle samedi 24 octobre au Carré - Sainte-Maxime.

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