Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Faire briller la filière régionale de la propreté
Le secteur représente près de 2 000 entreprises en PACA, soit environ 45 000 salariés Mis en lumière par la crise Covid, il a néanmoins souffert et entend bien sortir de l’ombre
Nos métiers sont utiles à tous. » Philippe Jouanny, le président de la Fédération des Entreprises de la Propreté et Services associés (FEP), a besoin de rappeler l’évidence au lendemain de la réunion de rentrée de l’organisation professionnelle lors d’une conférence de presse à Nice. La filière est présente partout, sauf en nettoyage urbain et à domicile. Les TPE-PME qui la constituent à 90 % ont été sérieusement impactées par la Covid-19 lorsque leurs clients (hôtels, entreprises, aéroports...) ont fermé leurs portes durant le confinement. Mais elles ont aussi été fortement mobilisées quand les activités ont repris et qu’il leur a fallu redoubler d’efforts pour que les lieux puissent de nouveau accueillir le public dans les meilleures conditions sanitaires possibles.
Coup de gueule
Philippe Jouanny rappelle que « sur les dix dernières années, en France, 100 000 emplois ont été créés pour une branche qui alloue chaque année quelque 100 M€ à la formation. » 540 000 emplois en France (dont plus de 44 000 dans la région), 16 Mds€ de chiffre d’affaires, la dynamique n’est plus à démontrer et pourtant – et c’est là que le ton monte – en ces temps de crise, la filière ne bénéficie pas des mêmes avantages que certains donneurs d’ordre (hôteliers, restaurateurs essentiellement). « Cela pourrait mettre en péril plusieurs dizaines de
milliers d’emplois, s’énerve Philippe Jouanny, le président de la FEP. Nos salariés ont été en première ligne. Dans les supermarchés, par exemple, ils arrivaient avant que la caissière ne prenne son poste et à des horaires très décalés. Certes, notre caractéristique est d’être invisibles, mais il y a des limites ! » Un coup de gueule assumé pour défendre une filière « oubliée de l’Etat car pour l’heure, le gouvernement n’a pas encore inscrit notre profession sur la liste des “services à mettre en place les mesures de chômage partiel par exemple et que ce soit refusé pour la société de nettoyage qui se retrouve sans activité du fait de cette fermeture. »
Importance stratégique
S’il est encore tôt pour dire combien d’entreprises issues de cette filière ont succombé à la pandémie, la même Covid a permis de mettre en lumière la profession. Carole Sintes, directrice générale de la FEP, de défendre : « Selon une enquête BVA, 83 % des sondés considèrent comme indispensable la garantie de propreté et d’hygiène des lieux publics pour éviter de nouvelles crises sanitaires. C’est donc que la question de la propreté est devenue plus qu’une préoccupation, une angoisse, que nous apaisons par notre forte mobilisation. » Avec très peu de droit de retrait observé sur la filière, Fabrice Fournier, président de la FEP Sud Est, a vivement remercié l’ensemble des équipes, pour son courage et son dévouement : « On a pu utiliser les transports en commun ou faire ses courses, avec moins de réticence. Et c’est ce qui a permis au système de reprendre une activité économique. Nous avons été d’une importance stratégique .» Au plus fort de la crise sanitaire, 30 à 40 % de la masse salariale a fait défaut pour « garde d’enfants » essentiellement et les autres salariés ont compensé. Un esprit d’équipe pour cette filière mal considérée. « Nous avons des formations jusqu’au bac + 5, parce que c’est un métier dynamique, technique, pluriel, dans lequel il est possible de faire carrière. » Fabrice Fournier, fervent défenseur de la filière, a à coeur de dépoussiérer l’image que l’on en a.