Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Elie Semoun nous parle de son nouveau spectacle

L’humoriste passera demain par Draguignan, avant de présenter son nouveau spectacle, Élie Semoun et ses monstres, à Contes et Sanary-surMer. Il nous en dit plus au sujet des drôles de personnage­s qu’il incarne.

- PROPOS RECUEILLIS PAR JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

Il arpente les scènes de France et de Navarre depuis trente ans. Une éternité dans un domaine où les nouvelles têtes surgissent sans cesse. Pour autant, Élie Semoun, 56 ans, n’entend pas céder à une quelconque forme de jeunisme. Et encore moins se laisser griser par les sirènes du stand-up. Dans son nouveau spectacle, il fait « du neuf avec de l’ancien, sans que ce soit péjoratif ». Pour l’affiche, il a choisi de verser dans le rétro, en s’inspirant d’une vieille image repérée aux puces de Clignancou­rt, évoquant les spectacles forains d’autrefois. Alors qu’une bonne partie de ses collègues humoristes a reporté ses dates à 2021, en espérant trouver un terrain sanitaire plus propice, lui retrouve le chemin des salles avec appétit.

Heureux de reprendre la route ?

Pour être honnête, une tournée, ce n’est pas toujours sexy. J’ai beaucoup d’envie, l’important c’est de jouer, de dire qu’on est encore là, sans se laisser écrabouill­er par cette parano géante. Les gens ont vraiment besoin de se marrer.

Avant le confinemen­t, vous avez peu joué votre nouveau spectacle...

Oui, à peu près une quarantain­e de fois avant le confinemen­t. Avant de redémarrer, j’ai fait deux jours de répétition­s et en fait, tout est revenu rapidement. C’était génial, je n’en revenais pas.

Avez-vous profité de ce repos forcé pour modifier certains passages ?

Non, parce que quand j’écris, je suis assez carré. Je tiens un peu ça de Muriel Robin, qui m’a à nouveau aidé sur la création de ce spectacle. Quand quelque chose est en place, je ne le change pas. J’ai un sketch sur l’opéra, sur Wagner. A priori, c’est un sujet très difficile. J’ai fait énormément de versions, en les testant devant le public. Mais une fois que c’est posé, je ne touche plus. Bien sûr, je m’adapte à ce qui se passe dans la salle.

Pas de « mise à jour » autour de la Covid-, donc ?

Je ne fais aucune vanne sur ça. Rien que le terme « gestes barrière » peut me rendre malade... Cette période me rend dingue. Je trouve qu’on est déjà dans une société où on est loin des autres. Là, ça ajoute encore de la distance et on n’avait pas besoin de ça. On ne s’embrasse plus pour se dire bonjour, et j’ai peur que ça reste comme ça pour toujours. Une bonne année de merde, quoi... Heureuseme­nt qu’il y a la scène. J’ai perdu mon père récemment, j’avais vraiment besoin de me changer les idées.

Justement, sur scène, les mesures sanitaires changentel­les la donne pour un artiste ?

Je me demandais comment ça allait se passer face à des gens masqués et éloignés. Mais en fait, ça ne change strictemen­t rien. C’est juste un peu bizarre, comme à l’extérieur. En revanche, il m’arrive de jouer deux fois dans la soirée pour atteindre une jauge habituelle, comme à SaintÉtien­ne.

Qui sont ces monstres évoqués dans le titre de votre show ?

Les monstres sont partout. Vous en verrez peut-être un en vous regardant dans la glace. Tiens, par exemple, qui aurait pu imaginer que Xavier Dupont de Ligonnès en serait un ? À chaque fois qu’il y a une histoire de ce genre, on fait le tour du voisinage et un mec témoigne en disant : «Jene comprends pas, il était hyper sympa. » Ceux qui m’intéressen­t, ce sont les menteurs, les racistes...

L’un de vos sketches tourne d’ailleurs autour d’une appli qui leur est dédiée...

Ouais ! J’ai appelé ça Hello Facho. En fait, ça repère les racistes à  mètres à la ronde. Je pense que dans votre région, ça marcherait bien... Ça ferait parler en tout cas.

Quels personnage­s croisera-t-on sur scène ?

Il y a un handicapé, un couple d’homos qui a eu une enfant par GPA, un djihadiste repenti qui va dans les écoles... L’actualité n’est pas vraiment mon créneau. Les gens me connaissen­t, je suis comme je suis, avec mon humour très noir, trash.

On fait mieux rire avec ce qui cloche ?

Si vous racontez un repas où tout se passe bien, ce n’est pas marrant. En revanche, si vous parlez d’un copain qui a failli gagner au loto, mais qui a perdu le ticket, ça va faire rire. Faire rire avec du pas drôle, c’est mon créneau. J’adore ça. Avant, j’avais un personnage de pédophile... Je me suis souvent dit que quand il y avait un truc à ne pas faire, il fallait que je le fasse.

Comme « présenter » votre mère au public ?

Oui, je raconte que maman est très discrète, mais que je vais l’inviter à mes côtés. Et je débarque avec une urne. Il m’a fallu beaucoup de temps pour écrire ce sketch. Je l’ai travaillé avec Muriel Robin, Vincent Dedienne m’a donné un petit coup de main aussi. Ona galéré. Parce que parler de sa mère qui est morte, c’est chaud quoi... C’est compliqué d’être drôle et émouvant, sans être trop indécent.

Il y a, en revanche, une discipline de l’humour dont vous ne raffolez pas : le stand-up...

Ce n’est pas du tout mon truc, même si j’ai plein de potes qui en font. Je préfère incarner des personnage­s, c’est plus excitant, parce que je suis d’abord comédien. Et puis je trouve que les vannes, ce n’est pas attachant. Un personnage, si. En tant que spectateur, j’ai envie qu’on me raconte une histoire. Dans mon spectacle, j’ai un personnage de trentenair­e parisienne qui est en fait inspiré de Blanche Gardin. C’est marrant parce que je l’ai joué au Fridge, le café-théâtre de Kev Adams, qui est un peu le temple du stand-up. Ils étaient morts de rire.

Demain,auPôlecult­urelChabra­n,Draguignan.Complet. Samedi 17 octobre. Théâtre de l’Hélice à Contes. Complet.

Mercredi 4 novembre, à Sanary-sur-Mer. Théâtre Galli. Tarif : 42 Rens. 04.94.88.53.90. theatregal­li.com

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