Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Nice à l’assaut de Rouen
A 21 ans, l’attaquant de poche réalise un début de saison canon. Buteur à Briançon puis contre Angers, il est le co-meilleur pointeur des Aigles avant la réception de Rouen, ce soir (20h)
Il a tordu le cou à l’immuable filiation. Stan, l’entraîneur du Nice Hockey sera toujours son père, mais Alexis Sutor se fait un prénom. A 21 ans, il est l’actuel meilleur pointeur des Aigles (2 buts, 1 assistance) à égalité avec Brincko et Heizer. Sur ses six derniers matchs de Magnus, le natif de Nice a claqué quatre fois. Absent des feuilles de match des deux premières journées en raison d’une rhino-pharyngite, il a profité des deux dernières rencontres et de l’absence d’un Carpentier blessé (dos, adducteurs) pour scorer deux fois et rappeler qu’il sait rendre de sacrés services. Des buts « casquettes» à ses yeux mais terriblement « importants pour l’équipe » selon son paternel. « Il met le 3e à Briançon qui nous fait basculer vers la victoire, puis le premier contre Angers qui débloque les choses et met la pression sur l’adversaire », ajoute le coach.
Une longue attente
Le minot du groupe avait déjà pointé le bout du nez en janvier dernier, lorsque Yoanne Lacheny était resté sur le flanc plusieurs jours. « Cette période lui a permis de changer de statut. Il n’était plus sorti de l’équipe ensuite », rembobine Stan Sutor. Longtemps protégé par un père qui n’a jamais cédé au népotisme, l’attaquant de poche gagne sa place par le travail. Frêle à son arrivée chez les seniors (1,72 m, 65 kg), il s’est épaissi (voir chiffre) et ne s’est jamais plaint quand il était convoqué pour faire le nombre. Son nom a été couché 77 fois sur une feuille de match de l’élite, mais il n’a foulé la glace qu’à une vingtaine de reprises. « Le lancer trop tôt n’était pas lui rendre service, justifie Stan Sutor. Il devait sentir l’atmosphère du haut niveau. L’attente a été un peu longue pour lui mais la marche est haute entre le hockey mineur et les pros. Malgré ça, il ne s’est jamais posé de questions et c’est ce qui est épatant, c’est sa force. Dans le cas contraire, avec ce contexte difficile puisqu’il est mon fils, il valait mieux qu’il fasse ses valises. » L’ailier n’a pas seulement changé les regards portés sur lui en enquillant les buts, son travail défensif est également loué. Depuis quelques mois, quand il monte sur la glace, le NHE marque des buts et en prend peu.
Dilemme en vue
C’est cette polyvalence qui lui a permis de gagner le respect du vestiaire. « Je sens qu’on me fait davantage confiance, largement même, souligne-t-il. Je me sens intégré et c’est ce qui me pousse. Je m’entends mieux avec mes partenaires. Quand mon temps de jeu était faible, je recevais moins de palets. Désormais, j’en touche bien plus. » Se sentant à sa place, le voilà installé dans un cercle vertueux dans lequel la confiance qu’on lui témoigne booste sa confiance personnelle. « Je me surprends un peu parce que je m’autorise à garder le palet plus qu’avant. Le but que je mets contre Angers vient de là. Les années précédentes, au lieu de marquer, j’aurais paniqué et fait n’importe quoi. » « AS » n’est pas encore un joueur totalement accompli. Répéter les efforts et gratter les palets en étant plus agressif sont ses axes de progression, mais il paraît délicat, en l’état, de le sortir du groupe. Quand Carpentier sera de retour, Stan Sutor devra faire un choix. Sur ses 21 joueurs, il ne pourra en aligner que 20 par match. « Je ne connais pas un coach qui sort un joueur important de son équipe, lâche le technicien tandis que son fiston n’a plus l’intention de céder sa place. La concurrence doit être un stress pour tous les joueurs et pas seulement pour Alexis. J’ai été clair avec cinq ou six Français de l’équipe, ils sont susceptibles de faire partie d’une rotation cette saison. Chacun est maître de son destin et doit se montrer indispensable. »