Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Peu de dégâts à La Brigue mais une réflexion à mener sur la Roya de demain
Comparé aux villages voisins, La Brigue s’en sort plutôt bien après les crues dévastatrices du 2 octobre dernier. « Nous n’avons pas de très gros dégâts, confirme le maire, Daniel Alberti. Je suis de tout coeur avec les autres communes de la vallée… » Il n’en demeure pas moins que durant 48 heures, La Brigue, coupée du monde, a dû se débrouiller seule. Avec ses propres moyens. « Nous avons envoyé deux émissaires – des sportifs – qui ont marché jusqu’à Breil. Ils ont trouvé une voiture pour aller jusqu’à Menton. De mon côté, j’avais écrit une lettre d’au secours à la préfecture. Les premiers hélicos ont été envoyés dimanche », poursuit le maire, sans verser un seul instant dans la polémique. Faute d’avoir pu faire monter des engins sur place pour nettoyer les rues et les places recouvertes de 30 à 50cm de boue – après que le Rio Secco, qui portait alors bien mal son nom, a débordé – les villageois ont fait redescendre les machines utilisées en forêt pour la coupe du bois.
Solidarité
« Deux cents volontaires se sont mobilisés en deux jours – c’est énorme pour la taille du village… et réconfortant. On mangeait tous ensemble le midi, dans de vrais moments de convivialité. Le pire dans de telles situations c’est de s’isoler », souligne Daniel Alberti. De son point de vue, la crise urgente est désormais passée : des denrées alimentaires ont pu arriver au village, quelque 70 personnes en urgence sanitaire ou en difficulté ont par ailleurs pu être rapatriées, en hélicoptère ou en train depuis Saint-Dalmas. « Le constat, c’est que nous avons vécu une catastrophe météorologique dont les conséquences se feront sentir très longtemps – avec la disparition de la route. » D’autant que les espoirs de passer par l’Italie – par Pigna – seront rapidement douchés. Car la route, perchée à 2000 mètres d’altitude ne tardera pas à être impraticable en raison de la neige. Aux personnes et associations qui lui demandent de quoi La Brigue a besoin, le maire n’hésite pas à répondre: « De vous, longtemps ».
Pour que la nourriture, le gaz, les granulés de bois, continuent à arriver au village le temps nécessaire. « L’hiver est long et froid ici. Mais comme on ne peut pas stocker, il faudra fonctionner au fur et à mesure. » D’après l’élu, deux actions devront ainsi être menées en parallèle : continuer à alimenter la commune, et commencer à réfléchir à la Roya de demain. Un avenir qui reposera en grande partie sur la ligne ferroviaire. « C’est notre cordon ombilical, sans lui on aurait dû évacuer le village » ,résume-t-il. Ajoutant : « Il faudra se poser les bonnes questions : est-ce qu’on reconstruit comme avant – au risque que ça ne tienne pas – ou est-ce qu’on pérennise ? Il faut que tout cela serve de leçon aux habitants mais aussi aux décideurs. »