Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« Marie ne sera plus jamais comme avant la tempête »

Un tiers des alpages de la commune a été englouti et une partie de la ressource en eau est perdue

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ÀMarie, toute petite commune qui surplombe la Tinée, un peu plus d’une semaine après la tempête Alex, c’est tout un pan de montagne qui menace de glisser en contrebas, sur le vallon qui alimente la Tinée, non loin de la route du ski, vers Isola 2000 et Auron. À tel point qu’hier, l’évacuation de deux bergers exploitant­s de la vacherie, de leurs deux aide bergers, ainsi que de leurs 500 chèvres et brebis était envisagée, tandis que 18 vaches avaient déjà été rapatriées vers le village, après 25 km de marche éprouvante en partie à travers les éboulis. « La montagne a bougé, s’inquiète Gérard Steppel, le maire de Marie. Des gravières qui s’effritaien­t sans doute depuis longtemps ont, sous l’effet de la concentrat­ion d’eau pendant 12 heures d’affilée, complèteme­nt glissé. Des plaques de boue, de pierres, de cailloux sont déjà tombées dans le vallon d’Ullion, qui se déverse dans la Tinée. Ce qui a sans doute été un accélérate­ur à sa crue… »

Le pastoralis­me désormais en danger

Une expertise va devoir être menée sur la montagne qui surplombe le vallon. « Peut-être que ce n’est rien. Peut-être que ça bougera très lentement. On ne sait pas. Mais les bergers ont détecté des crevasses, d’où l’inquiétude. » Il va falloir évacuer. Par une piste « chavirée » par les éboulement­s que la Métropole était en train de rendre accessible jusqu’à la vacherie hier. « Il faut que nous redescendi­ons à Saint-Jeannet nos 500 brebis et chèvres par camion. Donc on attend que ce soit accessible. On le fera le 21 octobre, expose Claire Trastour, qui exploite la vacherie communale avec son compagnon, Frédéric Marques, du Gaec des éleveurs du Baou. En attendant, on a un berger qui les surveille dans un alpage à l’opposé du versant qui glisse. » Les hommes et les bêtes sont en sécurité. Mais quel avenir pour eux ? Gérard Steppel est très pessimiste : « Ce cataclysme a complèteme­nt chamboulé les alpages. En fait, ce mouvement de terrain a laissé place à de la boue et à des cailloux. On a perdu un tiers de nos pâturages ! L’avenir du pastoralis­me, qui est un enjeu fort de notre commune puisque c’est une des facettes que nous souhaition­s développer avec le beau projet de la vacherie et de la fromagerie, est désormais incertain… »

« Nous avons régressé de plus d’un siècle… »

D’autant que ces mouvements ont provoqué la perte de ressource en eau de la vacherie : « Il y avait des sources qui amenaient de l’eau dans des citernes. Or, les dépôts de cailloux ont dévié ces sources, les ont détournées et les captages n’amènent plus l’eau dans les bassins », résume le maire de Marie. Claire Trastour encaisse le coup : « On repart de moins que zéro. Puisque notre

 ?? (Photo mairie de Marie) ?? Le mouvement de terrain a englouti les alpages. Remettant en question l’avenir du pastoralis­me à Marie. À la suite du passage de la tempête Alex sur le moyen et haut pays, le géologue de la Métropole Nice Côte d’Azur ski]
(Photo mairie de Marie) Le mouvement de terrain a englouti les alpages. Remettant en question l’avenir du pastoralis­me à Marie. À la suite du passage de la tempête Alex sur le moyen et haut pays, le géologue de la Métropole Nice Côte d’Azur ski]

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