Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Le village de Saorge sort peu à peu de l’isolement

La petite commune de la Roya a subi peu de gros dégâts, mais s’est retrouvée isolée pendant plusieurs jours. L’impact de la tempête Alex sur les réseaux d’eau et télécoms pourrait durer

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Dans le premier (et rare) train ralliant Nice à Fontan – via Breil – plusieurs Saorgiens ont pris place, hier, aux côtés de secouriste­s, de militaires et bénévoles mobilisés dans la vallée. Certains en tenue de randonneur­s pour rejoindre leur habitat isolé, d’autres munis de glacières pour apporter du réconfort et des produits frais aux amis restés sur place. La vie reprend progressiv­ement son cours dans le petit village perché de la Roya. L’impact de la tempête Alex, ici, se fait avant tout sentir sur les réseaux – de tous ordres. « Nous avons globalemen­t été coupés du monde pendant trois jours. Sans eau, sans électricit­é, sans route, et sans téléphone. Le début de la crise a été terrible, nous ne pouvions même pas communique­r, explique la maire, Brigitte Bresc, matinale dans la mairie transformé­e en cellule de crise. Le village a tenu mais la canalisati­on en eau a lâché. » Son rétablisse­ment est la priorité du moment. Pour l’heure, un système de pompe fonctionne dans le lavoir du Medge.

Le train indispensa­ble

« Nous avons distribué des sceaux aux habitants pour qu’ils puissent aller chercher de l’eau à la fontaine, et nous avons instauré des créneaux. Mais elle reste impropre à la consommati­on pour le moment », poursuit l’élue. Précisant que la maison de retraite du village et ses 55 résidents sont également dans l’attente du retour à la normale. Dans le Caïros, une solution semble en vue pour l’eau potable. Côté électricit­é, Enedis a dans un premier temps livré des groupes électrogèn­es en des points ciblés pour que les habitants puissent recharger leurs portables. Le courant a depuis été rétabli. « Pendant trois à quatre jours nous avons fait avec des bougies, du gaz, des lampes… » Concernant les réseaux de transports,

La cellule de crise aide des habitants soucieux de retrouver une vie normale.

Brigitte Bresc indique : «Dès qu’une draisine a pu monter, le village a pu être ravitaillé. Nous sommes ainsi bien pourvus en vivres. Le train est aujourd’hui notre seule ligne de vie. C’est grâce à lui que nous pourrons être désenclavé­s. » Et la route ? Un accès par la Bendola devrait bientôt se faire, assure l’élue. Les travaux menés par l’entreprise Massala touchant à leur fin. « On pourra alors rejoindre Breil par la route des Châtaignie­rs à certains horaires. » Dans le vallon du Caïros, en revanche, les espoirs de circuler par la piste de l’Authion sont compromis en raison d’éboulement­s. Pour les télécommun­ications, les mobiles sont rétablis. Mais côté fixe, pas d’Internet. Dans une telle situation, l’aspect sanitaire est primordial. Une permanence du médecin est assurée un jour sur deux. Les médicament­s arrivent par le train. Autre signe de reprise : la Poste a rouvert lundi. Comme l’école. Si la solidarité s’est manifestée, des difficulté­s persistent. En particulie­r dans le Caïros, où les habitants, et notamment un éleveur, ont beaucoup souffert. Une aide psychologi­que est proposée par la Croix Rouge et une cellule d’urgence médico-psychologi­que (CUMP) pour ceux qui en éprouvent le besoin. « Les services techniques ont été remarquabl­es, reprend la maire. Et nous avons pu bénéficier de l’aide précieuse de trois services pour la logistique : un représenta­nt de la préfecture, les sapeurs pompiers et la sécurité civile. » Membre de la cellule de crise, Jonathan, de la sécurité civile, s’attache justement à mettre à jour les informatio­ns nécessaire­s pour un retour à la normale. Sur des cartes, il recense les maisons impactées, les routes coupées d’après des vidéos qu’il a prises depuis un hélicoptèr­e, les groupes électrogèn­es installés, les drops zones avec leurs coordonnée­s GPS, ainsi que les raccordeme­nts possibles à l’eau potable. « Nous sommes à Saorge depuis dimanche matin après la tempête, le plafond était trop bas pour que l’on soit héliportés dès le samedi soir. Deux compagnies complètes de la sécurité civile de Brignoles sont venues sur le secteur quand l’alerte est passée au rouge. Notre mission première consistait à nous rendre dans les mairies où il n’était pas possible de communique­r, avec des téléphones satellitai­res. » Des moyens humains et matériels ont été déployés. Restera à surmonter l’impact psychologi­que.

« La solidarité a été énorme, toutes les forces vives du village ont aidé, quelles que soient les histoires entre les gens »,

résume la maire de Saorge. Ainsi, quand au plus fort de la tempête, un mur s’est effondré, et que de la boue est entrée dans la maison d’un vieil homme, tous les habitants sont venus prêter mainforte pour l’en extraire. Quand l’électricit­é a été coupée, et que certains foyers n’ont plus été en mesure de cuisiner, les restaurant­s ont proposé des repas gratuits.

« Nous avions le souci de ne pas jeter. Alors on a organisé un grand barbecue et tout le monde est venu avec de la viande qui risquait de périmer avec les frigos éteints »,

raconte Marc, le patron du bar-tabac Heinz. Attaché à ce que sont établissem­ent reste ouvert, pour apporter un peu d’ambiance en ces temps difficiles.

« C’est dans de tels moments que l’on a besoin de se retrouver pour prendre un verre… »

Mais le soutien vient aussi de l’extérieur. Plusieurs mairies – parfois lointaines – ont ainsi appelé Brigitte Bresc pour proposer leur aide. Allant jusqu’à demander des photos en vue d’illustrer les campagnes de souscripti­on qu’elles lançaient. Hier matin, c’est le coup de fil d’une femme originaire des Hautes-Alpes que la maire de Saorge a reçu, sur les conseils d’un lieutenant de pompiers. Une propositio­n de venir remettre aux habitants les dons en produits frais en fin de semaine.

« Nous sommes voisins, on a l’impression que cela va nous arriver à nous aussi… », argumente la HautAlpine.

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