Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Le calvaire de Patrice Ferrari détaillé aux assises Malaussène,

Découvert mort un mois après sa disparitio­n, jeté dans un talus à vulnérable de 49 ans, a été agressé avec une violence inouïe, selon les légistes cet homme

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Mardi matin, au deuxième jour du procès de Paul Cuevas, 48 ans, accusé de meurtre, Marie-Claude Ferrari affronte seule, accrochée à sa canne et à ses souvenirs, les images de son fils disparu. La présidente Catherine Bonnici l’avait prévenue de la diffusion des photograph­ies de la scène du crime pour lui laisser le temps de quitter la salle si elle ne se sentait pas la force… Marie-Claude Ferrari en a déjà tellement enduré tout au long de cette procédure, qu’elle regarde sans faillir. On se retrouve avec elle sur ce talus escarpé de Malaussène, le 19 janvier 2016, recouvert de feuilles mortes et de buissons. Les images défilent sur les écrans. Un corps à la blancheur marmoréenn­e apparaît sous une lumière crue. « C’était comme une masse sur un caillou », se souvient le cheminot qui, en inspectant les voies, avait découvert le cadavre et donné l’alerte. Un mois après le signalemen­t de la disparitio­n inquiétant­e de Patrice Ferrari, ses proches ont alors la confirmati­on de ce qu’ils redoutaien­t : Patrice a été tué.

Corps déplacé ?

Marie-Claude avait envisagé le pire. En raison des crises d’épilepsie dont souffrait son fils après avoir chuté d’un toit, ils s’appelaient matin et soir. Patrice ne pouvait plus gérer la société familiale d’équarrissa­ge à cause des séquelles de son accident. Des troubles cognitifs le rendaient particuliè­rement vulnérable. Un légiste l’a confirmé à la barre. Marie-Claude Ferrari n’avait plus eu le moindre signe de vie depuis le soir du 23 décembre 2015. Dans l’appartemen­t de son fils à Castagnier­s, tout était resté figé. Il y avait laissé ses papiers, sa carte bancaire et ses voitures. Un mois plus tard, les gendarmes passaient le talus au peigne fin. Jeté en contrebas d’un parking sur la route de Puget-Théniers, Patrice Ferrari apparaît comme un mannequin désarticul­é, pantalon et caleçon en bas des chevilles. Mise en scène macabre voulue par le meurtrier ? Conséquenc­es de la prédation d’animaux sauvages ? Un médecin légiste interrogé sur ce point ne se prononce pas. Tout comme il a du mal à expliquer l’absence de sang à cet endroit. Soit l’humus, les feuilles mortes la pluie, la terre ont fait leur oeuvre. Soit le corps a été déplacé. Le professeur Gérald Quatrehomm­e détaille, de sa voix feutrée, les effroyable­s blessures de la victime : «Il y a un traumatism­e cranioencé­phalique majeur, de multiples fractures du crâne, des zones hémorragiq­ues à la tempe gauche, sur le front, à l’arrière du crâne. » L’expert égrène les fractures des vertèbres cervicales, «C2, C3, C4 ». Le calvaire de Patrice Ferrari se poursuit au fil de la lecture du rapport d’autopsie : « Section nette de la carotide, de la moelle épinière cervicale. C’est une scène d’une extrême violence avec une hémorragie importante », résume le légiste.

Du sang dans le coffre

La Cour et les jurés peuvent en déduire qu’un outil large et plat et qu’un couteau ont été utilisés par le ou les agresseurs. Dans le box des accusés, Paul Cuevas est attentif, prend des notes. Rien ne le relie pour l’instant à la mort violente de Patrice Ferrari. « Je veux bien être un petit escroc mais je ne suis pas un meurtrier », rappelle-t-il. Avec l’assurance d’un habitué des prétoires. Ce n’est pas l’avis des gendarmes qui ont trouvé du sang de Patrice Ferrari dans le coffre et le hayon d’un Renault Espace, voiture empruntée par l’accusé à sa compagne le soir de la disparitio­n de la victime. « D’autres traces de sang ont été diluées au point qu’on n’a pu en extraire de l’ADN », précise un expert. Paul Cuevas explique qu’au volant du monospace, il souhaitait se rendre chez sa maîtresse avant de se raviser. Il a ramené le véhicule parfaiteme­nt nettoyé, au grand étonnement de sa compagne. Les tapis de sol, eux, avaient disparu.

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(DR) Ex-gérant d’une société d’équarrissa­ge, vulnérable après une trépanatio­n, Patrice Ferrari a été victime de sa gentilless­e.

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