Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« La réforme du lycée tue les langues régionales »
À l’appel du collectif Pour que vivent nos langues, des mobilisations ont eu lieu en France. À Nice, les associations et profs de niçois, réunis en assemblée générale, sont entrés en résistance
Ce week-end, c’était mobilisation des langues régionales, lancée à l’appel du collectif national Pour que vivent nos langues. De Lille à Bayonne en passant par Strasbourg, Ajaccio ou Montpellier, de nombreuses villes ont répondu par des happenings et manifestations. À Nice, c’est l’association des professeurs de langues régionales (APLR) qui est montée au créneau, en organisant, au lycée Masséna, une assemblée générale de la résistance. Selon Olivier Pasquetti, responsable de l’APLR dans les Alpes-Maritimes et le Var, l’objectif est de « défendre la place de nos langues » dans le système éducatif. Entretien.
À cette rentrée, comment se porte l’enseignement du niçois ?
Il résiste plutôt bien. À Nice, une deuxième école bilingue françaisnissart s’est ouverte à FouontCauda, en petite section de maternelle. Au collège, l’enseignement de l’occitan (niçois ou provençal) attire élèves dans les AlpesMaritimes. Ils sont autant dans le Var. Enfin, s’ajoute à cette rentrée, le lancement à titre expérimental, au lycée Masséna, d’une discipline non linguistique, en l’occurrence de cours d’histoire-géo donnés en niçois, en de. Et c’est une première !
Pour quel succès ?
Cela a bien pris, grâce au soutien du recteur de l’académie de Nice, et du lycée Masséna. Depuis septembre, douze élèves de seconde, tous originaires du collège Port-Lympia et ayant appris le niçois pendant quatre ans, suivent ces cours d’histoiregéo en nissart. Le décembre, lors du conseil académique des langues régionales, un point sera fait sur cette expérimentation qui a vocation à faire école dans d’autres lycées volontaires de l’académie.
Alors, pourquoi cette journée de mobilisation ?
À cause de la réforme du lycée, qui est la pire des attaques contre les langues régionales, car elle touche à l’accessibilité de notre enseignement. Avec cette réforme, une seule option est possible, contre deux dans l’ancien système. Par ailleurs, il n’y a plus aucune valorisation puisque l’option du niçois ne rapporte même pas % de la note finale du nouveau bac. C’est clair : la réforme du lycée tue l’enseignement des langues régionales.
À quoi le voyez-vous ? Au nombre de lycéens qui abandonnent le niçois. Avec une option possible, la grande majorité fait le choix de l’utilité. Depuis septembre , date de l’entrée en vigueur de la réforme, nous avons perdu, en deux ans,
% de nos lycéens.
Quelle solution ?
On demande le même traitement que celui octroyé aux langues et cultures de l’Antiquité (latin et grec) et on s’en réjouit pour nos collègues. À savoir bénéficier du coefficient au nouveau bac, qui est bien plus attractif. C’est le sens de la mobilisation lancée par le collectif Pour que vivent nos langues et auquel adhérent une vingtaine d’associations et de nombreux élus des AlpesMaritimes et du Var. L’enseignement du niçois ou du provençal permet de transmettre aux jeunes notre histoire, nos racines, notre culture. Pour leur faire connaître et comprendre l’endroit où ils vivent. C’est à la fois un vecteur d’intégration et d’ouverture au monde.