Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« La réforme du lycée tue les langues régionales »

À l’appel du collectif Pour que vivent nos langues, des mobilisati­ons ont eu lieu en France. À Nice, les associatio­ns et profs de niçois, réunis en assemblée générale, sont entrés en résistance

- Recueilli par VÉRONIQUE MARS vmars@nicematin.fr

Ce week-end, c’était mobilisati­on des langues régionales, lancée à l’appel du collectif national Pour que vivent nos langues. De Lille à Bayonne en passant par Strasbourg, Ajaccio ou Montpellie­r, de nombreuses villes ont répondu par des happenings et manifestat­ions. À Nice, c’est l’associatio­n des professeur­s de langues régionales (APLR) qui est montée au créneau, en organisant, au lycée Masséna, une assemblée générale de la résistance. Selon Olivier Pasquetti, responsabl­e de l’APLR dans les Alpes-Maritimes et le Var, l’objectif est de « défendre la place de nos langues » dans le système éducatif. Entretien.

À cette rentrée, comment se porte l’enseigneme­nt du niçois ?

Il résiste plutôt bien. À Nice, une deuxième école bilingue françaisni­ssart s’est ouverte à FouontCaud­a, en petite section de maternelle. Au collège, l’enseigneme­nt de l’occitan (niçois ou provençal) attire  élèves dans les AlpesMarit­imes. Ils sont autant dans le Var. Enfin, s’ajoute à cette rentrée, le lancement à titre expériment­al, au lycée Masséna, d’une discipline non linguistiq­ue, en l’occurrence de cours d’histoire-géo donnés en niçois, en de. Et c’est une première !

Pour quel succès ?

Cela a bien pris, grâce au soutien du recteur de l’académie de Nice, et du lycée Masséna. Depuis septembre, douze élèves de seconde, tous originaire­s du collège Port-Lympia et ayant appris le niçois pendant quatre ans, suivent ces cours d’histoiregé­o en nissart. Le  décembre, lors du conseil académique des langues régionales, un point sera fait sur cette expériment­ation qui a vocation à faire école dans d’autres lycées volontaire­s de l’académie.

Alors, pourquoi cette journée de mobilisati­on ?

À cause de la réforme du lycée, qui est la pire des attaques contre les langues régionales, car elle touche à l’accessibil­ité de notre enseigneme­nt. Avec cette réforme, une seule option est possible, contre deux dans l’ancien système. Par ailleurs, il n’y a plus aucune valorisati­on puisque l’option du niçois ne rapporte même pas  % de la note finale du nouveau bac. C’est clair : la réforme du lycée tue l’enseigneme­nt des langues régionales.

À quoi le voyez-vous ? Au nombre de lycéens qui abandonnen­t le niçois. Avec une option possible, la grande majorité fait le choix de l’utilité. Depuis septembre , date de l’entrée en vigueur de la réforme, nous avons perdu, en deux ans,

 % de nos lycéens.

Quelle solution ?

On demande le même traitement que celui octroyé aux langues et cultures de l’Antiquité (latin et grec) et on s’en réjouit pour nos collègues. À savoir bénéficier du coefficien­t  au nouveau bac, qui est bien plus attractif. C’est le sens de la mobilisati­on lancée par le collectif Pour que vivent nos langues et auquel adhérent une vingtaine d’associatio­ns et de nombreux élus des AlpesMarit­imes et du Var. L’enseigneme­nt du niçois ou du provençal permet de transmettr­e aux jeunes notre histoire, nos racines, notre culture. Pour leur faire connaître et comprendre l’endroit où ils vivent. C’est à la fois un vecteur d’intégratio­n et d’ouverture au monde.

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(DR) Au lycée Masséna, une cinquantai­ne de membres d’associatio­ns culturelle­s et de profs d’occitan s’est réunie.

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