Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Mis sous cloche
Le er novembre, la France pleurera ses morts de la Covid-. Pour eux, le cercueil est scellé, les obsèques, célébrées. Nous ne pouvons plus rien faire sinon les garder en mémoire. Tout l’enjeu est qu’à la Toussaint , ne recommence la litanie des prénoms et des noms rattrapés par la pandémie. Car plus les jours passent, plus l’horizon se bouche. Noël contaminé, l’hiver encalminé, vies au ralenti, « jusqu’à l’été » a estimé, hier soir, le Président. Pas une promesse, juste une petite fenêtre d’optimisme dans un calendrier où tous les jours sont gris. L’espoir qu’avant un an, tout soit enfin terminé. En attendant ? Tant qu’un vaccin ne sera pas commercialisé, chaque pays, chacun de son côté, restera un laboratoire de Merlin, mixant les rares ingrédients à sa disposition. Potion publique à base de confinement sélectif, de couvre-feu, de gestes barrières, le tout arrosé de beaucoup de millions. Sans que cela ait suffi, jusqu’à présent, à empêcher une deuxième vague. Alors, hier soir, il fallait frapper fort, sans mettre K.-O. le pays. Un tiers de la population française privée de sortie après heures. Un mois. Voire six semaines. Jusqu’aux premiers arbres de Noël qui illuminent d’habitude l’économie française. « La fête est finie », a résumé Emmanuel Macron. « La fête est finie », c’est aussi un titre d’Orelsan, une star du rap hexagonal. Un air triste et nostalgique qui pourrait bien devenir l’hymne d’une génération. « C’est dur d’avoir ans en », compatit le Président. Et nous avec. Pour les Varois et les Azuréens, c’est l’heure d’un soulagement un peu coupable. Nous pouvons toujours aller au resto le soir, au cinéma, au théâtre. Dans le respect strict des gestes barrières, et avec l’espoir – ce n’est pas contradictoire – que les soignants disposent désormais de tous les moyens pour combattre le fléau. Sinon gare àla « mise sous cloche » évoquée, hier à propos du couvre-feu. Une cloche voyageuse, qui pourrait bien nous rattraper, si nous confondions soulagement et relâchement.
« Hier soir, il fallait frapper fort, sans mettre K.-O. le pays. »