Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« Chaque ouvrage d’art est prévu pour tenir face aux embâcles et aux subversion­s »

- RECUEILLIS PAR C. M.

Les dégâts sur les routes sont dus à quoi ?

L’eau a fait des dégâts, mais il y a aussi eu des chutes de bloc et des glissement­s de terrain, comme sur la route de la Tinée, au niveau de la double voie à Bancairon. Le terrain a glissé sur l’autre versant, ce qui a déplacé le lit de la rivière et emporté une partie de la route.

Pourquoi l’eau a eu autant d’impact ?

Il peut y avoir plusieurs causes. Déjà, le régime torrentiel : la montée des eaux a été très rapide et le courant très fort. L’eau a aussi été plus chargée en sédiments. Elle contenait plus de boue, ce qui est ravageur. Il se peut aussi que les sols aient été déstabilis­és, ce qui a produit des glissement­s de terrain.

Certains ouvrages anciens ont mieux résisté que d’autres. Pourquoi ?

C’est difficile à dire sans diagnostic. Mais je pense que c’est un raccourci de dire que les ouvrages anciens sont plus résistants que les nouveaux. Il y a peut-être du désordre sur les anciens ouvrages qui ont résisté.

Pourtant, l’ancienne route au niveau de la double voie de Bancairon est intacte. Fallait-il construire cette double voie dans le lit de la rivière ?

Je ne sais pas. Ceux qui ont pris cette décision se sont certaineme­nt demandé quel était le meilleur choix. L’ancienne route d’accès à la Tinée était étroite et dangereuse. L’ouverture de la double voie a été faite pour désengorge­r la vallée et la sécuriser, mais aussi plus exposée à l’eau... C’était un choix difficile.

Pouvait-on prévoir une meilleure protection ?

Je ne sais pas comment ont été construits les ouvrages précédents. Chaque ouvrage d’art est prévu pour tenir face aux embâcles et aux subversion­s. Mais personne ne pouvait s’attendre à une telle catastroph­e.

Le remblai est-il une valeur sûre ?

Le remblai, c’est un terrain qui n’est pas mis en place naturellem­ent. Il est fait par l’homme et joue le rôle de fusible. Il est plus facile à remettre en place contrairem­ent aux ouvrages en béton. Mais il est réalisé pour tenir sous des contrainte­s définies par des études. Il y a beaucoup de normes qui dictent quels matériaux utiliser selon les situations. Le volume hydrauliqu­e conditionn­e les procédés de protection, comme l’enrochemen­t. Mais il faut aussi veiller à ce qu’il ne bloque pas le courant de l’eau. L’effet entonnoir pourrait provoquer plus de dégâts.

Peut-on reconstrui­re les routes au même endroit ?

On peut, oui. Mais il faut faire un diagnostic en amont pour voir quelles sont les solutions envisageab­les pour la reconstruc­tion. Par exemple, pour la portion de route qui s’est effondrée sur  mètres dans la Tinée, on peut la prévoir au même endroit, ou la remonter un peu, changer de versant ou construire un ouvrage de protection... Mais on ne peut pas choisir avant d’avoir fait un diagnostic, qui est en cours d’exécution par la Métropole.

Ce diagnostic, il consiste en quoi ?

Comme pour les bâtiments, il faut passer les routes au peigne fin. Il faut analyser les causes probables des chutes de bloc et glissement­s de terrain pour s’en prémunir. Plusieurs secteurs sont concernés : l’hydrologie, la météorolog­ie, la topographi­e – le lit des rivières change avec le temps... Il faut vérifier chaque route, sans oublier les falaises, talus et les remblais qui auraient été fragilisés par les intempérie­s. Ensuite, il faut faire des sondages avec des prélèvemen­ts pour dimensionn­er les infrastruc­tures qu’on va poser.

Combien de temps prendra-t-il ?

Tout dépend du nombre de bureaux d’études engagés sur le terrain. Mais si, par exemple, on était seul sur les trois vallées, il nous faudrait plusieurs mois.

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