Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Privés d’ascenseurs depuis trois mois, ils se mobilisent

Des locataires des résidences « Roquebilli­ère » à Nice-est sont montés au créneau. Ils veulent que Côte d’Azur Habitat fasse réparer l’appareil et dénoncent l’état de leur tour HLM

- CÉLIA MALLECK cmalleck@nicematin.fr

Avec ses deux béquilles, Sassi Ghazouani peine à marcher. Pourtant, il est allé voir son bailleur social, Côte d’Azur Habitat, pour manifester son ras-le-bol. Lui et quatre autres voisins se sont confiés à NiceMatin. L’ascenseur du bâtiment 4 des résidences « Roquebilli­ère » à Niceest était en panne depuis trois mois. Une situation insoutenab­le pour le sexagénair­e qui vit au 5e étage de la tour du 55, boulevard Louis-Braille, dans le quartier Saint-Charles.

« Je n’arrive pas à remonter les escaliers »

« Je suis asthmatiqu­e, diabétique et j’ai le dos coincé, liste-t-il , le dos voûté. Quand je descends les escaliers, je n’arrive pas à remonter. » À côté de lui, sa voisine du 4e poursuit, le bras immobilisé dans une attelle : « Moi j’ai été opérée du coeur. Je suis fatiguée… Je suis seule à la maison, comment je fais pour faire les courses ? », interroge d’une petite voix Fatima Toubbal. Et leur cas n’est pas isolé. «Ilya beaucoup de personnes âgées dans l’immeuble », ajoute Chiraze Erraouafi qui vient de déménager son appartemen­t du 8e étage… à la force des bras. « On a dû payer trois hommes assez costauds pour venir nous aider à porter les choses lourdes, comme le frigo. Le reste, on a tout porté à la main. C’était compliqué », souffle-t-elle, épuisée.

Et puis, au-delà des pannes, il y a tout le reste. Le trafic de drogue en bas de l’immeuble, la saleté des parties communes et les nuisibles.

« Regarde, les punaises, les cafards », fait Inès Hammami en montrant des photos de son T2. Sur les murs de la chambre d’enfants, on voit des grosses taches noires.

Sur le tissu du canapé, une punaise qui se balade. Elle montre enfin une photo du pied de son mari. « Regarde comme il a gonflé après avoir été piqué. » On dirait un oedème. Comme tous ses voisins, elle les combat à coups de répulsifs, mais ils finissent toujours par revenir.

Réparation­s attendues

Et puis, il y a la vétusté de l’immeuble construit dans les années soixante-dix. « Une fois, j’ai eu un problème sur une canalisati­on ,relate Karim Tata, qui travaille dans le BTP. J’ai appelé Côte d’Azur Habitat pour la faire réparer. Le technicien est venu avec du scotch. Je lui ai dit de repartir et j’ai fait les travaux moi-même. » Et d’ajouter : « C’est comme les fenêtres. Ça fait quatre ans qu’ils doivent venir les changer. Mais j’ai arrêté de réclamer, c’est pas la peine. » Sassi Ghazouani, lui, ne veut rien lâcher. Il en va de sa santé : « J’ai eu un dégât des eaux il y a deux mois. Il y a de l’humidité. Avec mon asthme, je n’arrête pas de tousser. Je les appelle tous les jours, mais rien n’a été fait. » Il s’arrête un instant. Et reprend : «Onest des êtres humains quand même ».

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(Photo Éric Ottino) Panne d’ascenseur, trafic de drogue, nuisibles… les habitants du quartier Saint-Charles sont à bout.

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