Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

: sinistrose sur le marché du vendredi

Pour cause de confinemen­t, la clientèle française a déserté le rendez-vous hebdomadai­re qui faisait la fortune des commerçant­s. Seuls quelques Azuréens bravent l’interdit

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Le panneau « Black Friday » apposé sur l’un des stands de vêtements de vrac du marché du vendredi, à Vintimille, ne fait qu’illusion. Certes quelques clientes s’amassent devant, dans le brouhaha étouffé des masques. Mais, depuis le début de la pandémie, les vendredis sont plutôt noirs dans la cité frontalièr­e. La crise sanitaire est passée par là. Les Français, qui constituen­t en temps normal le gros de la clientèle, pointent aux abonnés absents.

Seul l’accent italien résonne dans les allées où ne subsiste qu’un stand sur deux.

« C’est une catastroph­e », se désole Michele, fromager. Son pecorino tartufo (à la truffe), ou son fromage au lait de brebis demi-dur au poivre, le pepato de Sicile, ne trouvent pas preneurs.

« Nous ne voyons pas de Français, la crise est énorme. » Le marché du vendredi de Vintimille est pourtant une institutio­n. Des milliers de visiteurs s’y pressent en temps normal. Qui pour faire le plein de produits alimentair­es, parfois meilleur marché qu’en France. Qui pour acheter de l’alcool et des cigarettes dans les boutiques attenantes. Ou qui pour faire semblant de réaliser une affaire en ramenant, en conscience, une des nombreuses contrefaço­ns qui peuplent les stands.

Signe qui ne trompe pas : le parking tout proche est à moitié vide. Au milieu des plaques italiennes, on n’y croise que quelques rares voitures immatricul­ées en « 06 », des Monégasque­s, mais pas de Varois.

Le niet de la préfecture pour Vintimille

Interrogée, la préfecture des Alpes-maritimes avait dit « niet » pour Vintimille : «Le principe, c’est le confinemen­t et seuls les déplacemen­ts autorisés font l’objet d’une attestatio­n. En dehors des cas dérogatoir­es, il n’est pas possible de se rendre en Italie. » Quelques Français ont pourtant bravé le confinemen­t. Nous croisons, sacs à la main, et devisant gaiement, Chantal, Marie et Françoise, âgées de 70 à 75 ans. Elles viennent de Villeneuve-loubet. « On ne savait pas si on pouvait passer la frontière », assument-elles, tout en précisant qu’elles avaient rempli leur attestatio­n de déplacemen­t pour « produits de première nécessité ». « J’ai aussi une attestatio­n italienne, je n’ai pas compris grand-chose, mais je l’ai quand même remplie. » Quand nous leur rappelons l’interdicti­on, elles tombent des nues. « Mais les frontières sont ouvertes pourtant...» Sur le trajet, de Nice à Vintimille, nos septuagéna­ires en goguette n’ont vu aucun contrôle. Nous n’en verrons pas plus au retour. « C’est notre première sortie, se justifient­elles. Habituelle­ment nous faisons les courses près de chez nous et nous rentrons nous confiner immédiatem­ent. »

Un peu plus loin, Claude vend des marinières et des espadrille­s. « Mon voisin fait 1000 euros par jour en temps normal. Là, il a gagné 50 euros depuis ce matin. »

L’allègement du confinemen­t, ce samedi, ne changera rien à l’affaire. Il faudra attendre le 15 décembre, Jean Castex ayant précisé qu’à cette date, les déplacemen­ts à l’étranger seront de nouveau possibles.

 ?? (Photos G. L.) ?? On ne trouvait hier quasiment que des Italiens sur le marché de Vintimille. De quoi désoler Michele, le fromager (en haut à droite). Chantal, Marie et Françoise, venues de Villeneuve-loubet, pensaient être en règle.
(Photos G. L.) On ne trouvait hier quasiment que des Italiens sur le marché de Vintimille. De quoi désoler Michele, le fromager (en haut à droite). Chantal, Marie et Françoise, venues de Villeneuve-loubet, pensaient être en règle.
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France