Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Violences policières et sécurité : l’exécutif dans la tourmente

La création d’une « commission indépendan­te », proposée par le ministre de l’intérieur pour réécrire l’article 24 de la loi de sécurité a provoqué un tollé sur fond d’interventi­ons violentes des forces de l’ordre

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Quatre policiers ont été placés hier en garde à vue après le passage à tabac à Paris d’un producteur de musique noir qui a déclenché une vague d’indignatio­n dans le pays, précipité l’exécutif dans la tourmente et mis le feu au sein même de sa majorité.

Ouverte mardi avant la diffusion des images des faits, l’enquête judiciaire vise les fonctionna­ires pour « violences volontaire­s par personne dépositair­e de l’autorité publique » mais aussi pour des faits de « racisme ».

Dès jeudi, la victime, Michel Zecler, avait affirmé à la presse que les policiers l’avaient insulté et traité de « sale nègre » en le rouant de coups.

Sous la pression de Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, qui a exigé une enquête rapide, les quatre agents mis en cause ont été placés dès hier en garde à vue dans les locaux de l’inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices ».

La veille, ils avaient été suspendus de leurs fonctions et le ministre de l’intérieur avait, avant-même leur audition, assuré qu’il demanderai­t leur révocation de la police « dès que les faits seront établis par la justice ».

Diffusée sur les réseaux sociaux par le site Loopsider, une première vidéo, vue plus de onze millions de fois, montre la victime, Michel Zecler, tabassé pendant de longues minutes par des fonctionna­ires de police en uniforme dans l’entrée d’un studio de musique du XVIIE arrondisse­ment de la capitale. Une deuxième vidéo, révélée hier par le même site, montre que le producteur a continué à être frappé à l’extérieur du bâtiment, devant d’autres fonctionna­ires arrivés en renfort qui ont laissé faire leurs collègues.

Emmanuel Macron « choqué »

Refusant de laisser croire que l’ensemble de la police était violente, le secrétaire général du syndicat des commissair­es, David Le Bars, a souhaité sur Cnews « que la justice agisse vite, c’est l’intérêt général ».

Cette nouvelle bavure intervient dans un climat politique chauffé à blanc par la controvers­e née du projet de loi restreigna­nt la diffusion des images des forces de l’ordre en opération (lire par ailleurs), l’évacuation musclée d’un camp illégal de migrants en début de semaine à Paris et la condamnati­on hier à Toulouse d’un commandant de police à quatre mois de prison avec sursis pour avoir gazé un tétraplégi­que en fauteuil lors d’une manifestat­ion des gilets jaunes.

Jusqu’à présent silencieux dans la tourmente, Emmanuel Macron est entré dans l’arène hier en se disant « très choqué » par la vidéo (lire ci-dessous).

Secoués jusqu’à leur sommet, l’exécutif et toute l’institutio­n policière cherchaien­t hier dans l’urgence une porte de sortie, à la veille de nouvelles manifestat­ions annoncées aujourd’hui contre le projet de loi « sécurité globale » dans un climat déjà tendu par la crise sanitaire. En guise de solutions, le patron du syndicat des commissair­es a suggéré hier de

« généralise­r les caméras piétons »

portées par les policiers au plus vite, mesure promise par Gérald Darmanin pour 2021. Il a également proposé que le numéro Rio, qui identifie les unités et l’identité des membres des forces de l’ordre, figure en « énorme » sur leurs uniformes afin de les identifier plus rapidement en cas de violences.

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(Photo AFP) Les quatre agents, mis en cause dans cette agression filmée par une caméra de vidéosurve­illance, ont été placés hier en garde à vue dans les locaux de l’inspection générale de la police nationale.

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