Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
La justice a annulé la mise en examen de Segura
Le maire de Saint-laurent-du-var était poursuivi depuis un an demi. Le dossier est vide, a estimé la justice. Un dossier poussé par Michel Ghetti, son ex-premier adjoint, auteur de la plainte
La chambre de l’instruction de la cour d’appel d’aix-en-provence vient de prononcer la nullité de la mise en examen de Joseph Segura dans l’affaire « Michel Ghettimarjorie Rebeuh-agasc ».
Un serpent de « maire » à Saint-laurent-du-var…
Le premier magistrat Les Républicains de la commune était poursuivi depuis un an et demi pour « établissement d’une attestation ou d’un certificat inexact », après une plainte avec constitution de partie civile déposée par son ancien premier adjoint, démissionnaire de la majorité peu après les élections municipales de 2014 : Michel Ghetti. Un soulagement pour Joseph Ségura et pour son avocat.
« Rien ne justifiait cette mise en examen »
« M. Segura n’aurait jamais dû être mis en examen. Dit autrement : rien ne justifiait sa mise en examen. Dit encore autrement : le dossier était vide. Voilà ce que dit l’arrêt de la cour », éclaire Philippe Soussi, son conseil niçois. C’était d’ailleurs le sens de la procédure que l’avocat avait engagé devant la chambre de l’instruction : « À l’époque, la mise en examen de Joseph Segura m’avait sidéré, tant la plainte avec constitution de partie civile de M. Ghetti n’était qu’un montage grossier ! Tant il était évident qu’on était en présence d’une manipulation ».
: le licenciement de Marjorie Rebeuh
La mise en examen de Joseph Segura, dommage collatéral (volontaire) d’un dossier brûlant pour la commune, à l’époque administrée par son prédécesseur : le dossier de l’agasc, l’association gestion animation sportive et culturelle de Saint-laurent-du-var ?
Au coeur de l’affaire, Marjorie Rebeuh,
la compagne de l’ancienmaire, Henri Revel. Elle a, longtemps, dirigé le tennis club de Montaleigne, épinglé en 2014 par la Chambre régionale des comptes dans un rapport accablant sur la gestion de l’agasc. Les juges financiers avaient estimé, entre autres choses, que le salaire de la compagne de l’ex-premier magistrat était « trop élevé » [environ 40 % de plus que la moyenne à l’agasc ; N.D.L.R.]. Marjorie Rebeuh licenciée pour « faute grave », quelques mois après l’élection de Joseph Segura dans le fauteuil de maire, avait, bien sûr, contesté cette décision.
Le 2 septembre 2016, le conseil des Prud'hommes avait écarté la « faute grave », mais jugé son renvoi de la direction du club de tennis « fondé sur une cause réelle et sérieuse ». La cour d'appel lui avait ensuite donné entièrement gain de cause. Et, l’agasc avait dû lui verser 65 500 euros de plus qu'en première instance : environ 100 000 euros.
: des accusations en plein conseil municipal
Et c’est là qu’intervient Michel Ghetti.
Dans l’opposition depuis février 2015, après avoir laissé son poste de premier adjoint, il accuse Joseph Segura, en pleine séance du conseil municipal, le 29 septembre 2015 : « (...)Vous avez commis un faux témoignage (...) ». Un « faux » qui, selon lui, a interféré dans le licenciement de Marjorie Rebeuh. Dans la foulée, Ghetti annonce qu’il porte plainte pour « fausse attestation ».
- : ans de procédures
Vont suivre cinq ans de procédures, soit la quasi-totalité du premier mandat de maire de Joseph Segura, réélu, en mars dernier, au premier tour. Philippe Soussi défouraille : « J’ai une colère froide et profonde car cette affaire est scandaleuse. Le seul adjectif qui me vient c’est : minable. Cette affaire était une minable manipulation de l’institution judiciaire à des fins politiques. Un minable règlement de compte. D’ailleurs, dans un premier temps, le parquet de Grasse avait classé cette affaire sans suite ce qui en disait long sur l’appréciation du parquet sur les accusations de M. Ghetti qui, décidé à s’attaquer à tout prix et à n’importe quel prix à M. Segura, tout entier tourné vers son obsession, avait alors imaginé cette plainte avec constitution de partie civile ». Plainte qui avait entraîné l’ouverture d’une information judiciaire, la saisine de deux magistrats instructeurs. Rien que ça… Et qui avait abouti à la mise en examen en mai 2019 de Joseph Segura.
Mise en examen annulée, donc, en attendant, le non-lieu qui, très logiquement, va suivre. « Et puisque M. Ghetti aime les procédures judiciaires, il aura, bien sûr, à répondre de ses agissements », conclut maître Soussi.
Contacté, Michel Ghetti, a balayé l’affaire de quelques mots : « Sincèrement je m’en fiche un peu, compte tenu des enjeux essentiels de notre période actuelle ».