Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« On dirait une fin de saison, mais avec la neige !»
Sur la terrasse en bois donnant sur les pistes désertes, Mika et Mathieu évacuent la neige, avec force coups de pelle. Mais ils ne se leurrent pas. « On brasse du vent. »
Salariés de restaurants à Auron, ils font comme si. Comme si la station allait ouvrir en grand ce week-end. Sans trop se leurrer.
« C’est rageant. Quand on voit le domaine comme ça...,
grince Mika, en désignant le décor blanc. Les restaurants devaient rattraper la fin de la dernière saison [écourtée par le confinement, ndlr] .La neige est là début décembre, et on ne peut pas ouvrir ! »
Mathieu l’avoue, «ça commence à être long ». Toutes les aides de l’état ne balaient pas ce spleen qui étreint la montagne délaissée. « C’est triste... On dirait une fin de saison, mais avec la neige ! »
Sandwichs, pizzas, raclette... Au coeur du village, seul le resto Pierre et Marie propose de quoi déjeuner, « uniquement à emporter ». L’entrée est barrée par une table, avec un sens interdit et un flacon de gel hydroalcoolique. « C’est compliqué. On bricole, soupire Françoise, la serveuse. On a fait un beau week-end avec les locaux et les résidences secondaires. Pour l’instant, on est les seuls. Mais quand tout le monde aura ouvert et qu’on devra se partager les rares clients... »
« Prêts à les accueillir »
Au Petit Casino, ce serait plutôt l’inverse. Dans leur supérette, Christine et Francisco s’attendent à « être débordés », en cas de rush soudain dans une station sans restaurants accessibles. Les deux quinquas gèrent leur affaire, prêts à recruter sitôt donné le top départ. Ils « restent optimistes », néanmoins. « On a la neige, le soleil, tout ce qu’il faut. On est prêts pour les accueillir. » «Prêt» , Florent Icard l’est aussi. Presque trop. Chez
Sport 2000, les rayons du magasin sont pleins à craquer.
« Le problème, c’est qu’on fait livrer notre stock de vêtements et matériel à la Toussaint... » Dur à encaisser. Surtout quand «ilvoitlemonde dans les magasins, en bas ». Alors, au moins, Florent aimerait « qu’ils élargissent le rayon des vingt kilomètres. Pour que les gens du littoral puissent venir. »