Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Décès lors d’une partie fine à Nice : la piste d’une overdose

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Arman, un quadragéna­ire, a été mis en examen et placé en détention provisoire lundi, une semaine après la mort, à son domicile, d’alexandre, 24 ans.

Un juge d’instructio­n épaulé par la brigade criminelle mène l’enquête après ce décès qui pourrait être lié à l’absorption d’une importante quantité de GBL, une drogue de synthèse.

Des analyses toxicologi­ques sont en cours et une autopsie doit déterminer plus précisémen­t les causes de la mort.

Le parquet de Nice a confirmé hier soir la mise en examen du suspect « pour homicide involontai­re par violation manifestem­ent délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence, non-assistance à personne en danger, détention, offre ou cession non autorisée de stupéfiant­s. » Du GHB, du « cristal meth » et des gélules de 3MMC autres drogues de synthèse ont été découverte­s dans l’appartemen­t lors de la perquisiti­on.

Le plus jeune des cinq hommes pris de malaise

Le drame s’est déroulé sur fond de partie fine organisée dans un appartemen­t du boulevard Gorbella où cinq hommes étaient réunis. Le plus jeune d’entre eux s’est senti mal dans l’après-midi et le locataire de l’appartemen­t n’a, semble-t-il, pas pris la mesure du danger que son invité encourait. C’est seulement le soir, sur le conseil d’un ami, qu’il s’est décidé à appeler les secours. À l’arrivée des sapeurs-pompiers, il était trop tard. Le jeune homme était mort.

L’ensemble des protagonis­tes de cette affaire ont été entendus par les enquêteurs. Le parquet a demandé le déferremen­t de l’organisate­ur de l’orgie qui doit s’expliquer sur son incompréhe­nsible passivité.

Solvant pour les jantes de voitures

Le GBL (gamma-butyrolact­one) est à l’origine un solvant utilisé pour l’entretien des jantes de voiture. Une fois ingéré, le GBL se transforme en GHB.

Le GHB, parfois surnommé « drogue du violeur » en raison des amnésies qu’il peut provoquer, est en réalité dans la plupart des cas consommé de manière volontaire et récréative, notamment dans la communauté homosexuel­le. Au début des années 2000, le GHB apparaît au sein du milieu festif gay parisien où l’on vante sa capacité à augmenter la libido, à amplifier les sensations.

Ce produit, dont la vente est interdite en France, est très facile d’accès via Internet. Le prix d’achat est très modique, autour d’une centaine d’euros le litre, sachant qu’une ou deux gouttes diluées dans une boisson suffisent. « Ce sont les mêmes effets que l’alcool mais sans la gueule de bois »,

explique l’un de ses adeptes. En revanche, le mélange alcool et GHB peut s’avérer délétère et certains, prisonnier­s de cette addiction, sont sujets à de violentes crises de manque.

Erwann Le Ho, président de l’associatio­n LGBT confirme « une forte consommati­on à Nice malgré les risques de dépendance ». «Ilya deux types de consommate­urs, explique-t-il. Ceux qui vous expliquent qu’ils gèrent cette drogue pourtant très dangereuse. Et ceux qui sont des hommes isolés, fragiles, précaires, qui trouvent dans ce produit pas cher une sorte de refuge, une compensati­on à leurs souffrance­s..»

Les amateurs de GHB recherchen­t excitation et euphorie, des effets similaires à ceux de l’ecstasy, d’où le nom « d’ecstasy liquide ». Des associatio­ns comme Aides, CAARUD, LGBT... alertent sur le danger de ce produit. L’exemple tragique la semaine dernière d’alexandre, vient confirmer les inquiétude­s qu’elles ont au sujet de la banalisati­on de ce poison mortel.

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