Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
L’avocate de Sarkozy plaide la relaxe
Premier jour des plaidoiries de la défense, hier, au procès des « écoutes » à Paris. Pour Me Jacqueline Lafont, « la sévérité n’a jamais créé la preuve »
Il faut accepter de dire que la justice est faillible» : l’avocate de Nicolas Sarkozy, jugé pour corruption et trafic d’influence, a plaidé, hier, la relaxe pour l’ancien Président. « J’ai l’honneur de défendre un justiciable dont l’une des particularités fut d’être aussi le président de la République. » Me Jacqueline Laffont, debout devant le banc de la défense, entame sa plaidoirie en début d’aprèsmidi.
« Ce que nous attendons ici devant vous aujourd’hui, au terme de ce long parcours judiciaire, c’est une justice simple, une justice forte », lance-t-elle. « Celle qui recherche la vérité judiciaire, qui prononce la décision qui s’impose. Celle qui relaxera Nicolas Sarkozy ». En face d’elle, les deux représentants du parquet national financier (PNF) qui ont requis, la veille, quatre ans de prison, dont deux avec sursis, à l’encontre de Nicolas Sarkozy, un fait sans précédent sous la Ve République.
« J’ai attendu des réponses, des démonstrations, en vain », lance Me Laffont, dans le silence de la 32e chambre correctionnelle. La peine demandée « est aussi sévère que la démonstration fut faible. Or la sévérité n’a jamais créé la preuve ».
« J’ai une crainte », déclare-telle. Que « les anciennes responsabilités de Nicolas Sarkozy mais aussi et peut-être plus encore, les dérives des procédures qui l’ont visé, n’aient condamné » les procureurs « à persister dans une voie qu’ils savaient sinistrée ».
Pas de « contrepartie »
Au cours de sa plaidoirie de deux heures et demie, Me Laffont veut démontrer que les trois hommes n’ont pas eu accès à de s informations confidentielles, mais seulement à des documents qui n’étaient pas soumis au secret du délibéré. Gilbert Azibert n’a par ailleurs pas tenté, plaide-t-elle, d’influencer des magistrats. De « contrepartie », il n’en existe pas : si Nicolas Sarkozy a été à Monaco début 2014, c’était un « pur hasard » et il n’a finalement fait aucune «démarche » auprès des autorités monégasques, soutient-elle. Au final, « ce dossier, c’est celui de quelques interceptions téléphoniques entre un avocat et son client ». Des écoutes par ailleurs « illicites et scandaleuses» , estime Me Laffont, parce qu’elles violeraient le secret professionnel. Elle conclut : « On est à des années-lumière d’un pacte de corruption ». Les plaidoiries doivent se poursuivre aujourd’hui.
Dans notre édition d’hier, une erreur s’est produite lors de la transmission numérique de la page traitant du procès de l’affaire des « écoutes » : une ligne du titre annonçant le réquisitoire du Parquet national financier (PNF) contre Nicolas Sarkozy a malencontreusement disparu, faussant ainsi le quantum de la peine réclamée par le PNF. Rappelons que le procureur avait requis « quatre ans de prison dont deux avec sursis ». Nous prions nos lecteurs d’accepter toutes nos excuses pour cet incident bien indépendant de notre volonté.