Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Situation tendue en Nouvelle-calédonie
L’usine de nickel de Vale en Nouvelle-calédonie, dont la vente suscite la colère des indépendantistes et des chefferies kanak, a été mise sous protection de la gendarmerie et ses employés évacués hier en raison de tentatives d’intrusion violentes. « Plusieurs tentatives d’intrusion se sont déroulées sur le site industriel, classé Seveso.
[...] Les forces de l’ordre ont dû faire usage des armes pour repousser deux pickups qui fonçaient sur les gendarmes. Des dégradations ont été une nouvelle fois commises et un bâtiment administratif incendié »,
a indiqué le haut-commissariat dans la République. Aucun blessé n’est à déplorer et le site de cette usine métallurgique de cobalt et de nickel « est tenu par les forces de l’ordre » depuis le milieu d’après-midi. Selon Nouvellecalédonie la 1re, environ 300 salariés de l’usine ont été évacués « par précaution », tandis que l’usine hydrométallurgique et l’usine d’acide sont à l’arrêt.
Laurent Prévost, haut-commissaire en Nouvelle-calédonie, a « condamné fermement ces actes irresponsables », à l’instar de Sonia Backés (loyaliste), présidente de la province sud, qui a dénoncé des « manoeuvres inconscientes ». Les violences vont crescendo en Nouvelle-calédonie après l’annon, mercredi, par le groupe brésilien Vale de la vente de son usine de nickel à un consortium calédonien et international, incluant le négociant en matières premières, Trafigura. Le collectif « usine du sud : usine pays » et l’instance coutumière autochtone de négociations (ICAN) soutenus par les indépendantistes du FLNKS sont « totalement opposés » à ce projet, qui consacre, selon eux, « la mainmise des multinationales sur les richesses du pays ».
Une réunion devait avoir lieu, hier, en visioconférence avec le ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, sur le thème du nickel dans le cadre des discussions sur l’avenir institutionnel. Le FLNKS a annoncé qu’il n’y participerait pas.
Hier, les blocages et les barrages, en cours depuis lundi, se sont poursuivis, ravivant les clivages entre loyalistes et indépendantistes. Le parquet de Nouméa a indiqué que 5 des 49 personnes interpellées lors des violences de lundi à Nouméa avaient été incarcérées dans l’attente de leur procès en comparution immédiate hier.
Vols internationaux suspendus
Compte tenu « de la forte mobilisation des forces de l’ordre », le gouvernement calédonien a annoncé la suspension de tous les vols internationaux de passagers, peu nombreux compte tenu de l’épidémie de coronavirus.
Cette crise survient alors que le processus de décolonisation de l’accord de Nouméa (1998) arrive à son terme. Le 4 octobre, un deuxième référendum sur l’indépendance a été remporté d’une courte avance par les non-indépendantistes (53,3 %). Un troisième doit avoir lieu d’ici à 2022.