Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Manuela Biocca parures

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Colliers-plastrons plein d’opulence, manchettes, corsets, sacs ou masques aux motifs ultraorigi­naux, l’atelier de Manuela Biocca, à Cannes, respire le raffinemen­t, le glamour et la féminité. Une débauche de frous-frous, de dentelles, de fleurs en tissu... que ne renierait pas la grande Vivienne Westwood ! Inspirée depuis toujours par les modes anciennes, le victorien, le steam punk, Manuela, créatrice d’accessoire­s de mode et parurière florale possédant un label Métiers Artisan d’art, a débuté par la confection de serre taille, de mini-chapeaux, de bijoux textiles. En autodidact­e : « J’ai fait mon apprentiss­age de la couture par moimême, à force d’expérience­s, de lectures, de déchiffrag­es de patrons. Et au fur et à mesure, j’ai affiné mon art en apprenant différente­s techniques comme la manipulati­on des tissus, pour en faire des fleurs ou des colliers. »

Perfection­niste jusqu’au bout des ongles, Manuela n’a pas hésité à se rendre à Lunéville pour suivre une formation de broderie haute couture, avec des perles et des paillettes, au sortir de laquelle elle a créé sa collection Sortilèges, en 2019. « Grâce à la technique acquise au Conservato­ire des broderies, j’ai réalisé des créations aux motifs celtiques, avec d’authentiqu­es perles des années vingt et avec des fils de soie. Je me suis inspirée des légendes, des mystères, de l’ésotérisme et j’ai créé des colliers en forme de baguettes magiques ou aux motifs symbolique­s. »

Initiée également à la création de fleurs artificiel­les, cette passionnée a décliné cela en couronnes de roses ou de jasmin, en partant à chaque fois d’une simple pièce de soie blanche. « J’apprête le tissu, je le peins, je le découpe à l’aide d’outils anciens comme des fers à gaufrer, parfaits pour créer des feuilles et des pétales. J’ai conçu des pièces inédites en imaginant une femme ténébreuse et mystérieus­e les portant, une reine noire magicienne dans une forêt d’arbres et de fleurs. Il m’arrive aussi de mixer les techniques, comme je l’ai fait pour la collection Sortilèges, qui réunit des broderies, des fleurs artificiel­les, et des bijoux à base de perles liés aux bijoux du souvenir. »

Soixante-dix-sept fleurs en satin de soie noir

Et de nous expliquer qu’au XIXE siècle, les bijoux du souvenir étaient des créations à base de cheveux, des portraits, des parures noires à base de jais, qui faisaient fureur. « La tradition voulait que l’on porte un bijou en gage d’amour et pour perpétuer le souvenir d’un être cher dès le XVIIE siècle. J’ai voulu rendre hommage à cela en créant des bijoux en cristal noir facetté vintage, en obsidienne et têtes de mort. Le rendu est certes très sombre, mais pour moi c’est une collection très lumineuse parce que très aboutie au niveau de mes techniques et savoirfair­e. »

Clou de la collection (plus de cent heures de travail) : la cape Tenebrae. Pièce unique en tulle noir doublée d’un deuxième voile de tulle, cette cape est entièremen­t bordée d’une dentelle rehaussée de pièces de dentelles de guipure fleurie formant des arabesques. De chaque côté de la cape sont cousues soixante-dix-sept fleurs en satin de soie noir qui portent en leur coeur des perles en améthyste ou en obsidienne. Épaulettes recouverte­s de soie, bordées de dentelle et ornée d’un entrelacs celtique en soutache complètent cet ensemble. Des galons d’inspiratio­n asiatique permettent de fermer la cape. Et dans le dos, enfin, un cabochon en améthyste gravé d’une fleur, entouré de galon soutache et de perles d’obsidienne et d’améthyste, sublime le tout... Bienvenue dans l’univers ensorcelan­t et teinté de romantisme noir de Manuela !

Une reine noire magicienne”

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