Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

En tournée de contrôles avec les gendarmes

L’associatio­n a remis un pied dans la vallée après le passage de la tempête Alex. Elle a ouvert une permanence à Saint-martin-vésubie. Et pas seulement à destinatio­n des sinistrés

- A. L.

Au-delà de la reconstruc­tion et du visage à venir des villages sinistrés, la tempête Alex a également rebattu les cartes de la politique sociale. Exemple avec le Secours populaire, qui a ouvert de nouvelles permanence­s, à Breil-sur-roya, qui vient s’ajouter à Saint-dalmas-detende. Mais aussi à Saintmarti­n-vésubie. Alors qu’elle n’avait jusque-là aucune présence dans la vallée, l’associatio­n a ouvert un local, rue Cagnoli. Et l’objectif, c’est bien le long terme : « C’est une location de deux ans, on se dit qu’on trouvera peut-être un autre local ensuite, explique Jean Stellitano, directeur général du Secours populaire dans les Alpesmarit­imes. On a eu des financemen­ts, ce qui nous a permis d’acheter un camion et de l’exploiter. C’est un élément déterminen­t. »

« Les gens se disent que c’est pour les SDF »

Cette associatio­n dont le créneau est d’intervenir sur le long terme a (re) mis les pieds dans les vallées au lendemain de la catastroph­e. D’abord, pour proposer son « expertise » sur le plan humanitair­e. « On a une grande expérience dans la distributi­on alimentair­e, détaille Jean Stellitano. On l’a vu, les maires se sont retrouvés à gérer des quantités de dons incroyable­s, notamment alimentair­es. Tout était cuisiné à tout le monde. Cette situation est acceptable les premiers jours, mais elle ne doit pas perdurer. On a alerté les maires sur les risques de déséquilib­rer l’économie : s’ils donnent d’un côté, les gens n’achètent pas de l’autre. »

Il faut alors cibler : donner aux sinistrés, ou aux foyers en situation de précarité économique, envoyés par une assistante sociale. Le directeur du Secours populaire le reconnaît, la venue de l’associatio­n dans ces villages n’est pas toujours bien perçue. Il faut toujours convaincre : « On a affaire à des municipali­tés de village, qui ont l’habitude de tout faire euxmêmes, avec beaucoup de système D. De plus, ça leur fait bizarre : les gens se disent que le Secours populaire, c’est pour les SDF. » Ironie du sort, c’est à Saint-martinvésu­bie, où la collaborat­ion avec la mairie s’est le plus vite noué, qu’il y a eu un couac. Le maire a fini par reprendre la main sur le stock de dons alimentair­es de la salle Jean-gabin, pour se montrer moins sélectif. « On a voulu être sûrs que tout ce qui était livré reste sur Saint-martin-vésubie, explique Ivan Mottet. Le Secours populaire distribue par rapport à ses critères : il faut un certain seuil de revenu par mois. Mais on voulait distribuer ces denrées à des gens qui ont tout perdu, d’autant que ces dons arrivaient à péremption ». « Nous n’avions pas recensé autant de besoins, retrace Jean Stellitano. Normalemen­t, on redistribu­e sur d’autres antennes. La mairie ne souhaitait pas que les dons qu’elle nous avait confiés soient adressés à un public non concerné par la tempête Alex. Elle a ouvert plus largement à sa communauté. Nous, nous ne pouvons pas faire de distributi­on au grand public ».

Critères sociaux élargis

Aujourd’hui, tout le monde semble avoir trouvé sa place. Le Secours populaire gère encore les dons de vêtement de la mairie. À destinatio­n des sinistrés, sans critère de revenus. Comme le sont les propres dons matériels de l’associatio­n (lits, vêtements, ameublemen­t…). Pour la nourriture,

« chaque personne a droit à deux colis d’urgence, sans qu’on pose de question », explique Omar Abou Shady, responsabl­e de l’antenne de Saint-martin-vésubie. Pour l’accompagne­ment régulier,

« les critères sociaux se sont élargis, mais on passe par une assistante sociale, afin de faire une revue des besoins de la personne ». L’antenne est basée à Saint-martin-vésubie, mais le service est proposé à toute la vallée. Les besoins sont là. Et les gens commencent à venir, à prendre confiance. « Sur la Vésubie et la Roya, on ne doit pas être loin de 120 familles aidée par le Secours populaire, détaille Jean Stellitano. Et ça va aller en s’accroissan­t. »

 ?? (Photo A. L.) ?? L’associatio­n a ouvert une permanence rue Cagnoli.
(Photo A. L.) L’associatio­n a ouvert une permanence rue Cagnoli.

Newspapers in French

Newspapers from France