Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Victimes de la barbarie

Simone, Nadine, Vincent, Josette et Léopold : toute une vie emportée dans des flots d’enfer

-  octobre. Roquebilli­ère.

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Nice, le 29 octobre peu avant 9 heures. Un Tunisien de 21 ans, armé d’un couteau, tue de façon atroce, trois fidèles qui se trouvent dans la basilique Notredame, avenue Jean-médecin. Simone Barreto-silva, 44 ans, originaire du Brésil, mais niçoise depuis trente ans. Nadine Devillers, 60 ans. Vincent Loquès, le sacristain. L’horreur absolue. L’innocence assassinée. Trois victimes qui respiraien­t la gentilless­e, la joie. Rayés de la vie par un terroriste. Inacceptab­le... «Dites à mes enfants que je les aime.» Tels sont les derniers mots prononcés par Simone. Poignardée à plusieurs reprises, elle réussit à s’enfuir de la basilique, mais succombe à ses blessures dans un snack voisin où elle a trouvé refuge. Elle avait trois enfants de 7, 10 et 16 ans. Cuisinière de formation, elle travaillai­t depuis peu comme aide-soignante auprès des personnes âgées. Une belle âme, avenante, heureuse, chaleureus­e. Elle aimait le foot, la danse, le carnaval. Elle aimait la vie...

Le goût des autres, du théâtre et de l’écriture. Ce goût qui animait Nadine Devillers, Niçoise d’origine varoise. Elle aimait venir prier à la basilique. Pas dans une démarche égoïste. Elle priait pour les gens qu’elle aimait. Bienveilla­nte, elle distribuai­t les bonnes vibrations autour d’elle. Ce qui ne l’empêchait pas d’être une battante, résistante aux épreuves de l’existence. Et notamment à l’impossibil­ité d’être mère. Elle avait multiplié les emplois : secrétaire, vendeuse, agent immobilier. Une personne forte. Avec des failles. Mais qui faisait face. Jusqu’au bout...

Vincent. Tous les jours, il ouvrait la basilique, lui le sacristain dévoué, qui avait le coeur sur la main. Toujours souriant. Jovial. Natif de Saint-etienne-de-tinée. Père de deux grandes filles. Sous les voûtes de l’église, il gérait tout, mais savait aussi offrir des mots gentils, des petites attentions. Les gens l’aimaient réellement. Désormais, ils le pleurent...

Ils vivaient main dans la main. Ils sont probableme­nt partis main dans la main. Inséparabl­es dans la vie comme dans la mort. Josette et Léopold Borello, font partie de la vingtaine d’azuréens emportés par la tempête Alex, le L’image de leur maisonnett­e jaune, fracassée, désintégré­e, engloutie par la Vésubie

en furie, a fait le tour de la presse française et même au-delà.

Cette maison, Léopold, bottier puis livreur de journaux pour la SAD, en a lui-même coulé les fondations sur le terrain acheté en 1968, à

Cette maison, le couple l’adore. Elle est d’abord, un lieu de repos épisodique, puis, en 1990, lorsque la retraite sonne, Josette et Léopold quittent leur logement niçois pour s’installer définitive­ment dans la vallée de la Vésubie. Une nouvelle existence pour Léopold, qui aime chercher les champignon­s, tandis que Josette s’occupe du jardin.

Le jour de la tragédie, dans la maison encerclée par les eaux démoniaque­s, ils tentent d’attirer l’attention en agitant une petite lampe blanche, distinguée à peine au travers des vitres. Mais face à la folie meutrière de la Vésubie, transformé­e en torrent de boue, la maison ne résiste pas très longtemps. Elle s’effondre. S’enfonce. Disparaît. Et avec elle, la fragile lueur d’espoir de Josette et Léopold.

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Josette et Léopold Borello : ils vivaient main dans la main.(dr)
 ??  ?? Vincent Loquès.
Vincent Loquès.
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Simone Baretto-silva.
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Nadine Devillers.

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