Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
« Le déconfinement est vécu comme une libération psychique »
La psychologue niçoise Françoise Astolfi décrypte les attitudes liées au déconfinement.
Quel est l’impact psychique de l’assouplissement des restrictions sanitaires ? Tout dépend de la manière dont on a vécu le confinement. Les personnes qui l’ont mal vécu attendent la levée des restrictions comme une libération. C’est psychologique dans la mesure où il n’y a pas eu d’enfermement, mais c’est vécu comme une libération psychique. Pour certains, ne pas aller boire un verre a été ressenti comme un emprisonnement.
Cette possibilité d’évasion, une nécessité pour relâcher la pression après des mois de contraintes ?
Oui, et on le voit avec les hôtels qui sont complets à l’occasion des week-ends de mai : il y a ce besoin de prouver sa nouvelle liberté. Forcément, il va y avoir beaucoup de déplacements, de départs, de mouvements humains qui correspondent à un besoin de ressentir la liberté. Et on va la justifier en bougeant plus.
Et en dépensant plus ? Certainement, ça va aller avec. Il va y avoir un sentiment d’exaltation, peut-être très bref. Une recrudescence des comportements auxquels on assiste lors des manifestations culturelles ou religieuses, comme avant Noël, au moment de faire ses achats. On va être dans cette mouvance d’une exaltation passagère. Il ne s’agit pas d’une fête, mais presque : la fête de la liberté retrouvée.
On a une population qui veut fêter le printemps.
Et ceux qui n’ont pas la possibilité ou les moyens de partir loin, comment peuvent-ils s’évader ?
En sortant dans les jardins publics, en ville, au bord de la mer. Nous avons la chance d’habiter une région qui s’y prête. Nous allons continuer à vivre dans nos différences. Mais l’envie de sortir sera commune à tous. Le confinement a été national. Cette libération est elle aussi nationale.