Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Ciotti et Estrosi se déchirent sur leurs supposés liens avec le FN

La lutte au sein de la droite a franchi un nouveau cap hier. Ciotti a repris à son compte de supposées accointanc­es entre Estrosi et J.-M. Le Pen après les régionales de 1998. Estrosi dément.

- ERIC NERI eneri@nicematin.fr

La meilleure défense, c’est l’attaque. Et Eric Ciotti n’a pas hésité, hier en fin d’après-midi sur BFMTV, à recourir aux grands moyens dans la guerre que se livrent la droite macroniste, qui soutiendra Emmanuel Macron à la présidenti­elle, et Les Républicai­ns, dont les responsabl­es ne souhaitent aucun rapprochem­ent avec le président de la République et entendent bien présenter leur propre candidat à la présidenti­elle. Christian Estrosi et Eric Ciotti incarnent, depuis au moins 4 ans, le conflit qui a éclaté au grand jour à l’occasion de la campagne des régionales en Provence-alpes-côte d’azur (lire ci-contre).

Les deux anciens amis se livrent une bataille sans merci sur fond de rivalité politique – l’ancien collaborat­eur Ciotti étant devenu un des ténors du parti – et idéologiqu­e, Christian Estrosi ayant, depuis quelques années, infléchi son positionne­ment, davantage marqué à droite jusqu’au milieu des années 2010.

« Dans une chambre d’hôtel à Marseille »

Dans ce conflit où tous les coups sont permis, les deux rivaux essaient de déstabilis­er l’adversaire sur le thème de leurs liens supposés avec l’extrême droite. C’est ainsi que Le Canard enchaîné révélait il y a quelques jours des tractation­s secrètes avant les législativ­es de 2017 entre Eric Ciotti et le Front national – ce que Ciotti a nié – afin que le FN ne présente pas le meilleur candidat dans sa circonscri­ption. Une manoeuvre destinée à éviter une triangulai­re au second tour qui aurait pu mettre Ciotti en grande difficulté face à la candidate de La République en marche soutenue, en sous-main, par le clan Estrosi

(1).

Christian Estrosi, qui s’est fait depuis quelques années le champion de la lutte contre l’extrême droite, a enfoncé le clou après une récente déclaratio­n d’eric Ciotti dans Valeurs actuelles

– « Ce qui nous différenci­e du RN, c’est notre capacité à gouverner ».

Eric Ciotti a décidé hier d’affronter Christian Estrosi sur ce terrain des relations avec l’extrême droite. L’histoire a déjà été relatée, mais cette fois Eric Ciotti l’a reprise, pour la première fois, à son compte. Elle remonte aux élections régionales de 1998 en Paca. La gauche n’a remporté qu’une majorité relative de 49 sièges, contre 37 pour le RPR-UDF et 37 pour le FN. Il s’agit d’élire le président du conseil régional dans l’hémicyle. Au second tour, la droite se déchire entre ceux, dont François Léotard, qui refusent tout accord avec le FN pour décrocher la présidence, et d’autres, une majorité dont aurait fait partie Christian Estrosi, partisans d’une main tendue à l’extrême droite pour décrocher le fauteuil de président. Après une suspension de séance pendant le week-end, une majorité d’élus de droite se range finalement contre un accord avec le FN, permettant au socialiste Michel Vauzelle de décrocher la présidence. Eric Ciotti raconte sa version des faits : «Jepeuxvous­dire que Christian Estrosi a rencontré en 1998 Jean-marie Le Pen dans une chambre d’hôtel à Marseille pour passer un accord pour la présidence de la Région. Manifestem­ent, à l’époque, les digues avaient quelques brèches. » « Nous refusons de nous faire instrument­aliser sur de pseudo-liens avec le Front national de la part de ceux qui dans leur tendre jeunesse ont négocié en secret », ajoute-t-il.

« Mensonges, fake, insultes... »

Il a aussi répliqué sur de supposées accointanc­es avec le RN: « Je suis de droite et je ne m’en excuserai jamais. Je n’ai pas changé de valeurs et de conviction­s. Je suis dans mon couloir, ni En marche, ni Rassemblem­ent national, dans ma famille politique parce qu’elle a la capacité de gouverner, parce qu’elle a une histoire, des valeurs et un projet. »

De son côté, invité hier au journal de 20 heures de

France 2, Christian Estrosi a critiqué LR qui « n’a pas voulu » clarifier ses relations avec le Front national depuis 2017, estimant qu’« on assiste régulièrem­ent » à des situations « de main tendue » à l’extrême droite. Et il a qualifié de « mensonges, fake, insultes, anathèmes, calomnies » les supposées tractation­s avec Jean-marie Le Pen rapportées par Eric Ciotti.

« Je les entends depuis des années, je ne les accepte plus, on sait les actions que j’ai menées, Jean-marie Le Pen est mon ennemi politique de toujours. » 1. Les révélation­s de ces supposés petits arrangemen­ts entre Ciotti et le FN ont été faites par le Niçois Olivier Bettati, ancien du RPR puis de L’UMP, et élu régional sur la liste de Marion Maréchal-le Pen en 2015 et dont on dit qu’il pourrait intégrer la liste Muselier.

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(Photo d’archives Cyril Dodergny) Dans ce conflit où tous les coups sont permis, les deux rivaux essaient de déstabilis­er l’adversaire sur le thème de leurs liens supposés avec l’extrême droite.
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