Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Les policiers pris dans « un guet-apens » à Fréjus

Des violences ont éclaté dans la nuit de samedi à dimanche dans le quartier de La Gabelle avant de s’étendre à Saint-raphaël, où d’importants dommages ont eu lieu. L’état a annoncé des renforts.

- ALEXANDRE PLUMEY aplumey@nicematin.fr

On est tombés dans un guetapens ! » Les forces de l’ordre intervenue­s sur place, dans la nuit de samedi à hier sur les coups de 23 h 30, sont unanimes au moment de décrire la violence des attaques qu’ils ont subies.

Appelés par des riverains pour un tapage nocturne, policiers municipaux de Fréjus et nationaux se rendent à proximité du pont faisant office de frontière entre Fréjus et Saint-raphaël. « Ils étaient une vingtaine d’abord et, très vite, ils sont arrivés à 40 puis 100 en un rien de temps. Ils étaient préparés, témoigne un membre d’un équipage en première ligne. Une voiture les attendait même en retrait pour les fournir en munitions », poursuit un autre. Jusqu’à trois heures du matin, les individus armés de cocktails Molotov et de mortiers d’artifice ont affronté les forces de l’ordre dans les rues des villes soeurs, à quelques pas de la mairie centrale de Saint-raphaël. C’est la première fois que les débordemen­ts, jusqu’ici cantonnés au quartier sensible de la cité romaine, se déportent sur la commune limitrophe. Un seul pont, surplomban­t le Pédégal asséché, sépare La Gabelle de la rue commerçant­e endommagée.

Magasin incendié et scooters volés

Les vitrines d’une pharmacie, d’une agence d’intérim, d’un salon de coiffure, mais aussi de services à la personne ou d’assurances ont été vandalisée­s à coups de pierres. Un magasin de motos a été plus particuliè­rement touché. « Mon mécanicien habite juste au-dessus. Il m’a alerté dans la nuit, réagit d’une petite voix, encore sous le choc devant ce désastre, Patrick Laliève, gérant de cinq commerces dans la rue impactée. Ils ont envoyé une poubelle enflammée dans le magasin et elle a mis le feu. » Avant ça, les fauteurs de troubles avaient pris le temps de repartir avec une petite dizaine de scooters.

« C’est une réponse à l’importante saisie [55 savonnette­s de résine de cannabis, Ndlr] de la semaine dernière dans un garage, poursuit Thierry Mira, secrétaire départemen­tal adjoint Unité SGP Police. On mène une guerre au trafic de stupéfiant­s. Et dans une guerre, on est rarement accueilli avec des fleurs. »

Les renforts de Toulon et Draguignan, appelés dès les premières violences, ont permis de renforcer les effectifs de police, rapidement submergés face à l’adversité « trop nombreuse et surtout déterminée », ajoute un policier.

À trois heures du matin, la tension retombait dans le quartier. Aucune interpella­tion n’a eu lieu. L’un des agresseurs présumés a été blessé et hospitalis­é dans un hôpital de la région. Deux policiers nationaux et deux policiers municipaux raphaëlois ont été légèrement blessés. Tandis qu’une voiture de police municipale de Fréjus a été incendiée. Deux véhicules de riverains ont également pris feu.

Le parquet de Draguignan a ouvert une enquête pour vols en réunion avec dégradatio­ns et pour violences aggravées sur personne dépositair­e de l’autorité publique. Dès hier matin, la police scientifiq­ue était sur place pour relever d’éventuelle­s empreintes.

Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur :

« Les violences commises hier soir [lire : samedi soir, Ndlr] à Fréjus sont inacceptab­les.

J’ai décidé de déployer dans la commune une compagnie de CRS, soit  policiers, en renfort ce dimanche soir pour faire respecter l’ordre républicai­n. »

David Rachline, maire de Fréjus :

« La police municipale ne peut pas tout faire, ni se substituer à l’état. [...] Quand la faiblesse des effectifs ne permet aucune interpella­tion, comment espérer empêcher la réitératio­n de tels actes ? J’espère que ces renforts resteront au-delà de  heures, comme ce fut le cas il y a quelques semaines ».

Frédéric Masquelier, maire de St-raphaël et président de l’agglomérat­ion :

« Je salue l’arrivée des forces de l’ordre en renfort, j’espère qu’il sera pérenne. J’attends aussi une réponse ferme de la justice désormais. Que ces personnes soient identifiée­s et condamnées, même les mineurs par des mesures d’éloignemen­t. »

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(Photos Philippe Arnassan) Le gérant de ce magasin de motos ne peut que constater les dégâts dans son enseigne après cette nuit de violences urbaines.

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