Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Cuturello : « Quelle émotion »

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Le  mai , Paul Cuturello a  ans. Il est chercheur en sociologie à la faculté de Lettres.

Ce Niçois, qui fut conseiller municipal d’opposition à Nice, de  à l’année dernière, n’était pas encore au Parti socialiste. Mais déjà de gauche. Et militant très mobilisé. «À l’époque, j’étais trotskiste, se souvient-il. Mais avant , j’avais participé, en tant qu’extrémiste de gauche, à une campagne nationale de signatures en faveur de l’union de la gauche, appelant à voter François Mitterrand, même si plus tard, Pierre Juquin, syndicalis­te communiste et parlementa­ire, avait révélé qu’une grande partie d’adhérents du Parti communiste, n’avait pas voté Mitterrand au premier tour...»

L’image à suspense

Mais revenons au soir de cette élection historique.

« Comme tous les Français, j’étais, en famille, devant mon téléviseur. J’avais un noeud à l’estomac. J’espérais la victoire de Mitterrand, mais ce n’était pas gagné. Le problème c’est qu’au moment des résultats, sur l’écran, on a vu se dessiner la tête du vainqueur. L’image a commencé à se former par le haut du crâne, mais les deux candidats, Mitterrand et Giscard d’estaing, étaient dégarnis tous les deux. D’où le suspense...»

Et puis, ça y est. Mitterrand est vainqueur. « Quelle émotion. Il y a eu des manifestat­ions spontanées de joie en ville auxquelles je n’ai pas participé, car j’habitais sur les collines et j’étais en famille. Je suis resté chez moi...»

« Les Niçois de droite dépités »

Le jour d’après, le lundi, retour à la fac de lettres. «J’y avais mon bureau. Avec des collègues, pour exprimer notre joie, on a déployé le drapeau officiel de la République chilienne. Là-bas aussi, la gauche avait gagné. Le doyen de la fac, qui n’était pas de notre bord, nous a fait enlever le drapeau...»

Les Niçois non plus n’étaient pas majoritair­ement de gauche. « C’est sûr que ce n’est pas ici, que Mitterrand a fait la différence ! Les Niçois de droite étaient dépités, mécontents. C’est vrai que certains ont dit que les chars russes allaient débarquer sur la Promenade des Anglais. On l’a aussi entendu au niveau national. Mais ces chars ne sont jamais venus. Au début, certains avaient hystérisé la campagne électorale et c’était un peu tendu. » « L’abolition de la peine de mort »

« Les extrémiste­s de gauche s’intéressai­ent beaucoup à l’amérique latine. Je me suis dit qu’il fallait aussi s’intéresser à ce qui se passait en France, voilà pourquoi je suis entré au PS en , après la défaite de ce parti aux législativ­es. »

Mitterrand. Personnage brillant. Ambivalent. Insaisissa­ble.

Que retient l’homme de gauche niçois de cet homme politique, qui régna  ans sur la France ?

« On lui a reproché pas mal de choses, mais dans un premier temps, il a tenté d’appliquer un programme de gauche. C’est aussi pour cela qu’il a été réélu. Il a réussi à remobilise­r la gauche autour de lui. »

Les principale­s mesures que Paul Cuturello n’oublie pas ? « L’abolition de la peine de mort, la retraite à  ans, l’augmentati­on du Smic, la réduction du temps de travail à  heures. »

Du bon boulot ? «Onpeut considérer qu’il n’en a pas fait assez et surtout pas fait tout ce qu’il avait promis, mais ce fut quand même un tournant dans la société française. » Paul Cuturello est toujours au PS. Regrette-t-il l’homme à la rose ? « Quand je vois certains présidents actuels, on peut le regretter, oui. Ne serait-ce qu’au niveau culturel, mais également au plan politique...»

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Quelques années plus tard, Paul Cuturello rejoint les rangs du PS :
(Photo F.bouton) Paul Cuturello. Quelques années plus tard, Paul Cuturello rejoint les rangs du PS :

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