Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

 ans après, la Mitterrand­ie cherche des raisons d’espérer Immigratio­n : Barnier propose un « moratoire »

Le 10 mai 1981, Mitterrand menait la gauche au sommet. Aujourd’hui, seul 1 électeur sur 4 envisage de voter pour elle à la présidenti­elle.

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Hier au Creusot (Saône-et-loire), l’ancien président François Hollande, les ex-premiers ministres Lionel Jospin et Bernard Cazeneuve, la maire de Paris Anne Hidalgo, les anciens ministres Pierre Joxe ou Jean Glavany, Gilbert Mitterrand (fils de l’ancien président) : les « compagnons » de route de François Mitterrand, comme M. Jospin les a décrits, se sont donné rendez-vous pour célébrer le 40e anniversai­re de l’élection, mais aussi une « figure emblématiq­ue qui nous a laissé un immense héritage », selon les mots de David Marti, maire PS du Creusot. Plusieurs tables rondes ont été organisées, d’où ressortait un fort sentiment de nostalgie.

« Une leçon pour l’avenir »

« François Mitterrand incarnait une conception et un sens de l’état qui doit nous servir de leçon, a ainsi affirmé Bernard Cazeneuve. Il avait le sens de l’amitié et de la loyauté, qualités qu’on finit par oublier aujourd’hui, dans cette période marquée par la malveillan­ce et l’oubli des contributi­ons de ceux qui nous ont précédés ».

Jean Glavany a raconté comment il était devenu chef de cabinet de Mitterrand, avec les moments « d’exaltation » de la première cohabitati­on, «unjeude go ou d’échec pour lequel Mitterrand était orfèvre ». Pierre Joxe a expliqué que « le travail méthodique » de Mitterrand pour amener la gauche au pouvoir était « une leçon intéressan­te pour l’avenir ».

Lionel Jospin a évoqué « le parcours fécond d’un grand leader et d’un chef d’état, qui laissait les premiers ministres gouverner et respectait les ministres ». Quarante ans plus tard, la gauche en France est mal en point, à un an de la présidenti­elle. L’opinion publique, comme ailleurs en Europe, se classe en outre de plus en plus majoritair­ement à droite, selon une enquête publiée mardi par la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol).

« La gauche se prépare à faire de la figuration »

L’ex-premier secrétaire du PS, Jeanchrist­ophe Cambadélis (2014-2017), lointain successeur de François Mitterrand, dresse un constat sombre dans le Journal du Dimanche. « La gauche fête le 10 mai et la victoire de François Mitterrand en étant divisée et sans idées, écrit-il. Son total dans les intentions de vote est le plus faible depuis cinquante ans. Elle se prépare à faire de la figuration à la présidenti­elle ».

Pour autant, l’ex-président Hollande voit dans la mémoire du 10 mai 1981 l’occasion de profiter des « expérience­s » passées. « La gauche était déjà divisée en 1981 mais il y avait ce grand Parti socialiste, a-t-il rappelé. Il faut toujours une force et une incarnatio­n, une force qu’il faut imaginer, organiser, penser. Il reste un an… »

L’ancien négociateu­r pour le Brexit Michel Barnier (LR), cité comme un possible candidat à la présidenti­elle de 2022, a suggéré hier «unmoratoir­e » de trois à cinq ans sur l’immigratio­n, pour évaluer voire « changer » les dispositif­s en la matière. «Ilfaut décider dans ce pays un moratoire en matière d’immigratio­n, de trois à cinq ans, pour prendre le temps de vérifier, d’évaluer, le cas échéant de changer, les procédures et les pratiques », a déclaré l’ancien ministre au Grand Jury pour RTL, LCI et Le Figaro.

« Risques d’explosion sociale en France »

« Il y a des liens entre l’immigratio­n et les réseaux terroriste­s qui utilisent les flux migratoire­s, qui les infiltrent » , at-il fait valoir, même s’il ne « pense pas que tous les immigrés, et notamment ceux qui essaient de traverser la Méditerran­ée, sont des terroriste­s en puissance ou des délinquant­s en puissance ».

Il a également précisé sur l’immigratio­n « qu’il faudra à la fin changer la Constituti­on sur certains points, notamment pour avoir plus de marge par rapport à des textes ou des règlements européens (AFP) ». Pour autant, «onva toujours accueillir des étudiants et nous devons respecter le droit d’asile », a précisé l’ancien ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Le président des Républicai­ns Christian Jacob avait lui proposé à l’automne un « moratoire de trois à six mois sur l’immigratio­n » ,le temps pour Emmanuel Macron de consulter l’ensemble des « familles politiques ».

Michel Barnier a par ailleurs aussi jugé qu’il y avait «des risques d’explosion sociale »

en France. Interrogé sur la proximité de ses propositio­ns avec celles de Marine Le Pen, M. Barnier a assuré qu’il « n’avait pas besoin de Mme Le Pen pour écouter et comprendre les problèmes des Français et pour apporter des solutions ».

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(Photo AFP) Le  mai , le pays se réveillait dans l’ère Mitterrand.
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Michel Barnier.

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