Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
EN IMMERSION AVEC LA POLICE
Alors qu’hier, à Avignon, un hommage a été rendu au brigadier, Eric Masson : comment se porte l’institution ? Plongée aux côtés des forces de l’ordre de Cagnes-sur-mer.
Ils partent du commissariat de Cagnes-sur-mer et montent en voiture pour sillonner la cité de Renoir et Saint-laurent-du-var. Mathias a 22 ans. Il a choisi ce métier parce qu’il a « toujours protégé ses amis. Et cette profession, c’est la protection des biens, des personnes ». Thierry, lui, (1) vient de fêter ses 30 ans de maison. Il ne compte plus les fois où il a été victime de caillassage. « Le sentiment d’insécurité existe chez la population. Il existe aussi chez les policiers. » Aujourd’hui, sa passion se mêle à de l’amertume. Il a le « sentiment d’être moins soutenu, qu’au début, par nos responsables politiques ». Alors que la route défile, il interroge : « Quand un policier va commettre des violences, alors c’est toute la police qui est violente. Il n’y a pas d’amalgame à faire quand il y a un attentat commis. Pourquoi le faire avec nous ? ». Le véhicule se dirige vers le centreville de Saint-laurent-du-var. Les policiers se font arrêter par un couple paniqué près de la gare SNCF. Le duo vient de perdre son chien. Les forces de l’ordre prennent le temps, notent toutes les informations. Ce n’est, pourtant, pas de leur ressort. « Vous vous rendez compte si on ne s’arrête pas ? Quelle image nous renvoyons ? Ces gens sont paniqués, il faut les écouter », confie le commissaire. « Nous allons transmettre à nos collègues de la police municipale en charge de l’errance animale. »
Sur la route, ils zieutent, sont attentifs au moindre détail. Un jeune homme se gare sur une place de livraison au niveau de l’avenue Leclerc. « La conduite est brusque et la voiture en mauvais état », commente Thierry. Les policiers décident de réaliser un contrôle routier. Le conducteur est en règle. Direction, ensuite, le quartier Point du Jour. Un scooter attire l’oeil. Il est flambant neuf et n’a pas de plaque d’immatriculation. « Il s’agit, peut-être d’un véhicule volé. » Contrôle à nouveau, sous le regard des « choufs », les yeux de la cité. RAS. Nouveau tour à Cagnes-sur-mer.
Près du collège des Bréguières : un attroupement. Thierry ralentit. Et, les coups partent entre deux mineurs. Frein à main. Descente. Séparation entre les deux jeunes. Interpellation. Palpation pour un contrôle d’identité. RAS. Et, au fil des minutes, la tension redescend. D’autres élèves sortent de leurs cours. Les regards se tournent vers la scène et les caméras des smartphones s’enclenchent. « C’est notre quotidien aujourd’hui. C’est ça qui a particulièrement changé depuis mes débuts : on est toujours filmé », réagit Thierry.
Un second véhicule de la police nationale vient d’arriver ainsi que les pompiers. L’un des collégiens saigne à l’arcade sourcilière. Avec les deux jeunes bagarreurs, après la pression, c’est un nouvel échange qui se tisse. «Vousavezun projet professionnel ? », demande à l’un, Vincent Leblond.
« - Oui Monsieur, je veux être carrossier ».
- « Alors continuez là-dedans au lieu de vous battre. Soyez prudent » ,lui lance le commissaire alors que ses collègues prennent le relais. Il fera remonter cette affaire, sans gravité, au proviseur de l’établissement cagnois. « Nous sommes en lien constant avec les représentants de l’éducation nationale ».
1. Son prénom a été modifié à sa demande pour préserver son anonymat.