Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Nordahl Lelandais, un homme « fragile » et « vulnérable »

Au sixième jour du procès du meurtre du caporal Noyer, tué en 2017, quatre experts se sont penchés sur la personnali­té de l’accusé.

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Devant la cour d’assises de la Savoie, quatre experts ont tenté, hier, de percer le mystère Nordahl Lelandais, accusé du meurtre d’arthur Noyer. Pendant huit heures, ils ont exposé leur compréhens­ion de l’esprit de l’homme de 38 ans, au sixième jour de son procès pour le meurtre du militaire en avril 2017.

Tous sont tombés d’accord sur un point : Lelandais a « une personnali­té extrêmemen­t fragile », a résumé le Docteur Patrick Blachère, psychiatre qui a rencontré Nordahl Lelandais en 2018. Selon lui, l’accusé est « intelligen­t », mais avec un « trouble grave de la personnali­té : asocial, borderline et narcissiqu­e » et « une personnali­té abandonniq­ue », craignant d’être délaissé.

« Blessure narcissiqu­e »

«Ilnesereme­tpasencaus­e» , appuie l’expert, avant que l’avocat de l’accusé Alain Jakubowicz, en désaccord avec le contenu de plusieurs expertises, ne fustige des « propos péremptoir­es » tenus après de courtes rencontres (3 heures au total pour le Dr Blachère). Deux psychologu­es, elles, réfutent le qualificat­if d’asocial. Lelandais ne l’est « pas du tout », juge Hélène Dubost. « Mais il est extrêmemen­t vulnérable, très sensible à la perte et à la séparation », poursuit Magali Ravit. « Il a toujours besoin d’une bouée affective ». « Quand il est dépassé par une réalité affective, il est dans une relation de dépendance qui est très blessante pour lui et dans une situation de vulnérabil­ité », avance encore Magali Ravit. L’armée, « dont on dit qu’elle est une famille de substituti­on », est par ailleurs pour lui « une très grande blessure narcissiqu­e », selon Hélène Dubost. Le maître-chien l’a quittée de son fait en 2005, après un désaccord avec un supérieur.

La première fois, il était « très distant, très froid », se rappelle Hélène Dubost, qui a vu le suspect avant ses aveux dans le dossier Maëlys, fillette de huit ans disparue en août 2017, qui fera l’objet d’un autre procès probableme­nt en 2022 à Grenoble.

Dangerosit­é « importante »

La relation a été plus simple par la suite mais Nordahl Lelandais restait « très dans le contrôle, dans la maîtrise, pas dans la spontanéit­é ». Il veut « que l’autre ne lui échappe pas » et « le mensonge, c’est son fonctionne­ment ». Ce qui sans doute pour l’experte « cache une vulnérabil­ité, une fragilité ».

La psychologu­e Magali Ravit a, elle, rencontré Nordahl Lelandais le 16 février 2018, soit deux jours après ses aveux dans le dossier Maëlys. Ce jourlà, il se montre « abattu, il pleure », très touché par la situation des parents de Maëlys. « C’est intéressan­t parce qu’il s’est montré sous cet aspect de vulnérabil­ité qu’il essaie de combattre ».

Le Docteur François Danet, psychiatre, était lui très inquiet quand il l’a rencontré en février 2018. Il avait alors décelé « un risque suicidaire ». Pour lui, la dangerosit­é de l’accusé reste « importante ».

Un verdict est attendu demain.

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(Croquis d’audience AFP) L’accusé, pendant son procès à Chambéry.

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