Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Ils découvrent une comète et la baptisent de leur nom

Alain Maury et Georges Attard, membres du Groupement astronomiq­ue populaire de la région d’antibes, ont révélé un objet encore inconnu. Le fruit d’un travail de recherche pointu.

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Un rêve de gosse. Celui qui commence par pointer le doigt vers la voûte céleste en s’imaginant chatouille­r ses limites. Là-haut ? Une autre définition de l’infini.

Voici ce qui anime les passionnés du Groupement astronomiq­ue populaire de la région d’antibes (Gapra). Une envie folle de découverte qui pousse à explorer, les yeux grands ouverts, la tête haute. Tout en gardant les pieds sur Terre. Connaissan­ce, rigueur et audace. Des maîtres mots qui ont conduit deux membres de l’associatio­n basée dans la cité des Remparts à entrer dans l’histoire. Avec un grand H. Depuis plusieurs semaines, Alain Maury et Georges Attard

peuvent annoncer qu’ils sont officielle­ment en… orbite. Et pour cause : le duo a découvert une comète (1). Une vraie de vraie. Et clairement, ce n’est pas le genre d’événement qui survient tous les quatre matins. « C’est encore plus rare lorsqu’il s’agit d’amateurs », précise Laurent Brunetto, président du Gapra, fier du travail réalisé par ses confrères qui se donnent les moyens de faire avancer la recherche.

Comment chercher ?

Mais concrèteme­nt, quelle a été la démarche du tandem ? Est-ce qu’on part dans l’idée de chasser la comète ? « Cela fait un moment qu’ils se penchent sur l’automatisa­tion de la recherche de nouveaux astéroïdes. En clair, il s’agit d’utiliser des outils technologi­ques capables de lire le ciel, si vous voulez. » En développan­t des logiciels et outils pour améliorer leur système nommé MAP (pour le nom des trois personnes s’investissa­nt dans le projet : Alain Maury, Georges Attard et Daniel Parrott), l’équipe tend vers plus de précision. Notamment avec son installati­on de télescope ultra-performant.

Quelle méthode ?

La méthode utilisée ici s’appelle le « tracking synthétiqu­e ». Il s’agit de la première comète découverte en utilisant ce biais. « Cela demande des cartes graphiques très puissantes et très chères. Qui sont d’ailleurs utilisées pour le jeu vidéo », souligne Laurent Brunetto. Et explique : « On ne voit pas clairement une comète sur les images, ce n’est pas aussi explicite. On empile les images en changeant vitesse et direction. » Une fois le point fixe détecté, l’aventure débute.

Qui vérifie ?

Parce qu’il ne suffit pas d’annoncer avoir déniché un objet interstell­aire pour que cela soit vrai. Après avoir réalisé d’autres images avec un autre télescope, depuis San Pedro de Atacama, au Chili, où réside Alain Maury, il faut envoyer les données aux organismes officiels. C’est le Minor Planet Center, organisme de l’union astronomiq­ue internatio­nale, qui émet ce qui peut s’apparenter à un certificat d’authentici­té.

Où la voir ?

Bon, ne vous enflammez pas non plus. Si tout le monde avait déjà pu l’observer à l’oeil nu, cette comète ne serait pas restée si inconnue que ça : « Elle est en train de s’éloigner. » Du coup, il vous faudra patienter presque un siècle et demi pour espérer la croiser. Juste le temps qu’il faut pour s’améliorer en calcul et en astronomie, non ? 1. Officielle­ment connue sous le nom de C/2021 J1 Maury-attard.

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(Photo Guillaume Bonnefont / IP) Ici, Neowise prise depuis le plateau de Larzac.
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(DR) La comète découverte par les membres du Gapra est matérialis­ée ici par le tracé de son orbite en bleu clair.

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