Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Un Niçois, ancien de Daesh, incarcéré mois à cause d’une soirée chicha
En comparution immédiate vendredi devant le tribunal judiciaire de Grasse, Luck Manodritta, 25 ans, a déjà passé sept ans en prison notamment pour « participation à une association de malfaiteurs et terrorisme ». Visage poupin et collier de barbe discret, le jeune homme a séjourné quelques mois en Syrie, recruté par Oumar Diaby (alias Omar Omsen). En 2014, il a suivi un entraînement militaire aux côtés de combattants ayant comme lui fait allégeance à l’état islamique.
Il a été appréhendé en région parisienne à son retour de Syrie : il s’est fait remarquer en fréquentant trop assidûment les sites de propagande islamiste. Pendant son incarcération, il s’est uni par correspondance à la Varoise Sarah Hervouet, condamnée, elle, à 20 ans de réclusion pour avoir participé à la tentative d’attentat à la bonbonne de gaz, en septembre 2016, contre la cathédrale Notre-dame de Paris. Libéré le 20 mars sous condition, Luck Manodritta a l’interdiction de quitter la ville de Nice, une des contraintes imposées par une mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance. En outre, il doit pointer quotidiennement au commissariat et ne pas fréquenter d’anciens codétenus ou complices.
Fiché S
Or, il a été contrôlé par les gendarmes jeudi soir lors d’une soirée dans un bar à chicha du bord de mer à Villeneuve-loubet. Ceux-ci mentionnent dans leur rapport : « Contrôlons un groupe d’individus qui passent la soirée ensemble. Il s’agit notamment d’un autre Niçois fiché S, un certain Ali A. » Lui aussi a séjourné en Syrie. Les deux hommes ontils été en contact lors de cette soirée ? Luck Manodritta s’en défend : « Maintenant j’ai envie de profiter, de sortir... tout cela après des années de restrictions religieuses. » Il affirme avoir mal lu l’arrêté du ministre de l’intérieur lui imposant ces mesures restrictives.
Le procureur constate que les deux hommes étaient à proximité. En défense, Me Stéphanie Dantzikian cite le rapport de synthèse dans lequel les gendarmes expliquent n’avoir pu déterminer si les deux suspects avaient été en contact.
Dans le doute, Luck Manodritta a été relaxé pour « la rencontre d’une personne malgré une interdiction judiciaire ». En revanche, il a été condamné à 10 mois de prison à effectuer immédiatement pour avoir violé son assignation à résidence.