Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Le virus, maître des horloges

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Les Verts passent leur vie en conciliabu­le pré-primaires. Anne Hidalgo ne cache pas son envie d’être la candidate du PS en avril prochain. Arnaud Montebourg se déclarera le  septembre. Jean-luc Mélenchon n’a pas changé d’avis, candidat il est, candidat il reste. À droite, Xavier Bertrand est depuis plusieurs semaines en campagne, Valérie Pécresse commence la sienne, Laurent Wauquiez se tait mais n’en pense pas moins. Plus à droite encore, Marine Le Pen surveille du coin de l’oeil Florian Philippot, qui voit, dans la lutte qu’il mène contre la vaccinatio­n et le pass sanitaire, un moyen de damer le pion à la présidente du Rassemblem­ent national. Tandis qu’eric Zemmour nourrit, avec un plaisir évident, le suspense sur sa volonté de participer à la course présidenti­elle. Et pourtant, toute cette activité politique passe presque inaperçue, malgré les efforts de tous ceux qui sont, à huit mois de l’échéance, sur la ligne de départ de la présidenti­elle. En fait, la Covid, aujourd’hui, et hélas pour quelques mois encore, est le vrai maître des horloges. La crise sanitaire écrase tout le reste. Emmanuel Macron l’a répété plusieurs fois depuis juin dernier, nous n’en avons pas fini avec l’épidémie, «il faudra vivre, prévoit-il, plusieurs mois avec ce virus. » Jusqu’au printemps  à coup sûr.

Le président de la République semble d’ailleurs bien en avoir jugé les conséquenc­es, puisqu’on le voit repousser, semaine après semaine, les réformes qu’il avait pensé pouvoir réinscrire à son agenda : réforme du chômage, réforme des retraites, tout cela attendra encore. Tout comme le contrôle technique des deuxroues, évacué de l’ordre du jour présidenti­el malgré la loi européenne. Comme si les Français, les jeunes surtout, étaient à prendre avec des pincettes tant que la Covid serait présente dans leur vie. Et présente, elle l’est, en effet, avec les contrainte­s imposées par une situation sanitaire qui ne cesse de bouleverse­r les pronostics et surtout, les espérances. Dans le débat politique et médiatique, chiffres, courbes et supputatio­ns de toute nature,

« Premier acteur de la campagne présidenti­elle »

y compris pour certains, doute sur la réalité même de la maladie, recouvrent tout le reste. Seule l’arrivée des talibans à Kaboul a semblé, ces derniers jours, faire exception et retenir en partie l’attention des Français, à qui les malheurs des Afghans inspirent pitié et crainte à la fois. Le virus a déjà chamboulé, depuis près de deux ans, les élections municipale­s et régionales. Nul doute qu’il sera le premier acteur de la campagne présidenti­elle. Opposition et majorité s’efforceron­t de parler d’autre chose. Avec le risque de ne pas être entendues.

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