Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Bardella : « La présidentielle est un choix de civilisation »
« C’est qui ? Ah oui, c’est… Zut, je ne sais plus. » Le président par intérim du Rassemblement national, Jordan Bardella, en pré-campagne pour la Présidentielle 2022, n’est pas toujours reconnu du premier coup sur le marché niçois de la Libération. Pour la popularité de Marine Le Pen, il faudra encore du temps. Peu importe. Il fait le job et s’adonne au serrage de mains, ou plutôt au « check », poing contre poing, par temps de Covid. À peine arrivé à la « Libé », le président du RN, apercevant les tracts, interpelle ses équipes : « Vous m’en donnez un p’tit peu, on est quand même là pour tracter… » Il est entouré de la garde azuréenne du RN dont Philippe Vardon, conseiller régional, et l’avocate Alexandra Masson-bettati, tête de liste aux dernières régionales.
À qui veut l’entendre, il explique qu’il est là pour « présenter aux Niçois le projet de référendum sur l’immigration ». L’accueil en ce samedi matin est bon. Personne sur son chemin pour perturber le message face caméra.
Priorité nationale et pouvoir d’achat
Les solutions de son parti sur l’immigration ? Priorité nationale dans l’emploi et le logement. « Les Français n’ont qu’une maison, et c’est la raison pour laquelle nous souhaitons qu’ils soient les premiers servis chez eux. » Bardella parle aussi pouvoir d’achat : « Nous sommes le parti des solutions concrètes, un Français sur quatre ne mange pas à sa faim. »
Le président du RN, dont le programme du jour est chargé, slalome entre les stands à bon train. Sur l’immigration toujours, il tacle Emmanuel Macron « qui aura passé cinq ans à s’agenouiller devant tous ceux qui méprisent notre histoire, à s’excuser, à pratiquer les repentances. Nous considérons que les Français doivent être fiers de leur histoire, de leur passé. Emmanuel Macron a beaucoup divisé de ce point de vue là ». Zemmour ? Jordan Bardella s’agace de cette question qui arrive (trop) vite. Il pique les médias, mais de manière policée : « Le match, c’est vous qui le faites. Nous sommes extrêmement sereins. Avec Éric, nous partageons beaucoup de constats, notamment sur la question de l’immigration. Mais ces constats, cela fait trente que nous les faisons, et aujourd’hui est venu le temps des solutions.
Je n’entends pas pour l’instant de la part d’eric de politique alternative. Nous avons six mois pour convaincre les Français et leur dire que cette élection est un choix de civilisation. »
« Qu’est-ce qui vous différencie de Zemmour ? »
Un peu plus loin, une Niçoise d’un certain âge interpelle le président du Rassemblement national sur l’état du boulevard Gorbella et lui demande de faire le nécessaire pour le nettoyer. Le président du Rassemblement national sourit et la renvoie poliment vers Philippe Vardon, conseiller municipal et métropolitain RN. « Ah oui, lui j’le connais », rétorque la vieille dame sans mesurer le côté un peu cavalier du propos.
Peu après, Jordan Bardella est interpellé par une jeune femme métisse. « C’est quoi la différence entre votre programme et celui de Zemmour ? » Il répond : « Alors nous… on a un programme. Pour l’instant, Éric Zemmour n’a pas trop… n’a pas vraiment présenté son programme. Mais il y a beaucoup de points d’accord sur le constat. »
La jeune femme insiste : « Mais ce qui vous différencie ? » Le président du Rassemblement national s’applique : « Peut-être la manière de faire. Nous travaillons à la rédaction d’un certain nombre de projets de loi. Nous avons passé le temps des provocations, ce qu’on faisait il y a trente ans. Et pour l’instant, Marine Le Pen est candidate, ce qui n’est pas vraiment le cas d’éric Zemmour. » La jeune femme lâche un « D’accord, on verra… » guère convaincu. Ce samedi après-midi, le président du RN devait visiter le Centre de rétention administrative pour finir, le soir, avec un dîner-débat à Vallauris.