Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Macron veut la fin de la peine de mort dans le monde
Le Président commémorait hier au Panthéon les 40 ans de l’abolition de la peine capitale en France, au côté de Robert Badinter.
Emmanuel Macron et Robert Badinter ont lancé hier un vibrant appel à
« l’abolition universelle » de la peine de mort, le chef de l’état annonçant une « rencontre au plus haut niveau »
début 2022 pour « convaincre » les pays qui l’appliquent encore. « La peine de mort est vouée à disparaître dans le monde car elle est une honte pour l’humanité », a affirmé Robert Badinter, l’ancien garde des Sceaux qui avait fait adopter l’abolition il y a 40 ans, le 9 octobre 1981.
« Vive l’abolition universelle ! »
a-t-il conclu d’une voix qui a résonné sous la coupole du Panthéon, où était célébré l’anniversaire d’une loi ayant marqué la France et la présidence de François Mitterrand. L’ancien avocat et garde des Sceaux âgé de 93 ans a été longuement applaudi par les quelque 200 invités, avant qu’emmanuel Macron ne lui réponde, saluant sa « passion, en rien altérée par le temps » et sa « capacité d’indignation ». « La révolution que vous avez portée s’est ancrée dans la vie de la Nation française sans que n’augmente, comme le prédisaient alors vos opposants, la criminalité sanglante », a souligné le chef de l’état. Promesse de campagne de François Mitterrand malgré une opinion majoritairement hostile, l’abolition a été votée par l’assemblée nationale le 18 septembre 1981, puis le 30 septembre par le Sénat. La mise au rebut de la guillotine était promulguée le 9 octobre, quatre ans après la dernière exécution.
« 483 meurtres d’état »
En 1981, la France était «le 35e État à abolir la peine de mort », a rappelé Emmanuel Macron. Depuis, « 106 États ont à ce jour emprunté cette voie quand 50 autres respectent un moratoire de droit ou de fait sur les exécutions », s’est-il félicité. L’objectif est surtout de « mener un nouveau combat, celui de l’abolition universelle, alors que 483 exécutions, un nombre certainement sous-évalué », ont été perpétrées dans le monde en 2020, selon Emmanuel Macron. « 483 meurtres d’état administrés par 33 régimes politiques qui ont pour la plupart en commun un goût partagé pour le despotisme, le rejet de l’universalité des droits de l’homme », a-t-il dénoncé. La peine de mort est notamment toujours en vigueur en Chine, aux États-unis, en Iran, ainsi que dans une trentaine de pays africains. Emmanuel Macron a annoncé que, dans le cadre de la présidence française de l’union européenne au premier semestre 2022, la France allait organiser « à Paris avec L’ONG Ensemble contre la peine de mort, une rencontre au plus haut niveau rassemblant les sociétés civiles des États appliquant encore la peine de mort ou un moratoire afin de convaincre leurs dirigeants de l’importance et de l’urgence de l’abolir ».