Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Ces étudiants qui se consacrent aux autres
L’épicerie solidaire de la Face 06, qui a aidé plus de 1 300 élèves du supérieur depuis sa création, fête ses 10 ans. Coup de projecteur sur ceux qui sont à sa tête, étudiants également.
Alicia Alves et Rémy Bruny ont 20 et 22 ans. La première est en deuxième année de licence économie et gestion, le second vient de passer en master 1 ergonomie cognitive des technologies numériques. En plus d’être étudiants, ils ont un deuxième point commun : ils sont membres de la Face 06. Alicia est responsable de l’épicerie solidaire (L’AGORAÉ) – qui fêtait ses dix ans mardi –, Rémy est à la tête de l’association étudiante. Tous deux consacrent donc plus de trente heures par semaine à aider d’autres étudiants.
« Je ne me voyais pas arrêter »
« Pour permettre aux étudiants qui le souhaitent de faire leurs courses à L’AGORAÉ, on calcule leur reste à vivre. Ce qu’il leur reste pour manger chaque jour, après avoir payé leurs frais fixes. Et la plupart affichent un solde négatif », définit doucement Alicia. Après un volontariat en service civique au sein de l’épicerie l’an dernier, elle a poursuivi son engagement en devenant bénévole. «Je ne me voyais pas arrêter, après avoir aidé des gens pendant un an », sourit-elle. D’autant que 180 personnes ont déjà rempli un dossier d’inscription. « C’est un record, on en avait 80 l’an dernier à la même période. Certains étudiants viennent même de Menton », souligne la jeune femme.
Elle profite donc de chaque demijournée libre dans son emploi du temps pour faire tourner la boutique, gérer l’équipe, veiller au respect des normes d’hygiène, chercher des partenaires, aller à la banque alimentaire… son engagement est complet, mais pas reconnu par l’université. « J’ai quand même bénéficié du bonus engagement l’an dernier », rappelle Alicia.
« L’envie de voir le projet évoluer »
Idem pour Rémy, passé de responsable du restaurant solidaire à président de la Face 06. « C’était un projet novateur sur lequel j’avais envie de travailler. Une fois qu’il a été lancé, j’ai voulu rester pour le voir évoluer et en lancer d’autres », indique-t-il. Le jeune homme confirme que les étudiants sont souvent confrontés à la précarité et l’isolement social. « Je voyais certains de mes amis galérer, je ne pouvais pas rester les bras croisés », martèle-t-il.
Pour mener de front engagement et études, tous deux doivent particulièrement bien organiser leur temps. Et Rémy d’achever : « les retours des personnes qu’on a aidées sont évidemment gratifiants. Et, en étant formés par les anciens membres, on monte également en compétences ».