Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Édouard Philippe superstar

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Pour lancer son nouveau parti (à un moment où tous les autres, de gauche ou de droite, sont remis en question) l’ancien Premier ministre n’a pas lésiné sur la mise en scène : salle bondée, où s’entassent  maires,  élus locaux, une soixantain­e de parlementa­ires et un vaste public, costume bleu marine sur fond bleu, barbe aujourd’hui presque uniforméme­nt blanche, il avait davantage l’air, entrant sous les applaudiss­ements à la tribune, au Havre, avant-hier, d’une vedette du show-biz, que d’un homme politique. Et pourtant, c’est bien de politique qu’il a été question dans son discours fleuve de presque deux heures, pendant lesquelles, tout en analysant les formidable­s changement­s auxquels notre monde est confronté, il a avancé des solutions et tracé des pistes jusqu’en… . Devant lui, une partie de l’état-major du macronisme était là. Pensant qu’il valait mieux participer à la fête de l’ancien Premier ministre que de rester à l’extérieur en se posant des questions sur sa fidélité envers le président de la République, Christophe Castaner, pilier de la Macronie  et Patrice Mignola, le chef du groupe des députés Modem, étaient au premier rang. Que pensaient-ils, en écoutant Édouard Philippe révéler le nom de son nouveau parti, Horizons, formuler ses objectifs, et tracer sa route ? D’accord, l’ancien Premier ministre a dit, d’entrée de jeu, que son objectif était la réélection d’emmanuel Macron en . Et affirmé que son rôle à lui était d’élargir, vers la droite, la base électorale de l’actuel Président. Certes. Il y a dans cette déclaratio­n de principe de quoi rassurer le président de la République dans le moment présent, mais aussi de quoi l’inquiéter sur ce qui se passera après une éventuelle réélection. La réalité est que, dès aujourd’hui, Édouard Philippe dépose sa marque. Il n’habitera pas dans la fameuse « maison commune » qu’essaient en ce moment de construire main dans la main LREM et le Modem, il sera à ses côtés, dans une sorte de coalition gouverneme­ntale si Emmanuel Macron est réélu. En attendant, il garde sa liberté, son autonomie, et aussi son ancrage à droite, qu’il revendique aujourd’hui, comme il le revendiqua­it hier, en refusant justement, quoi que chef de la majorité, d’adhérer au mouvement qui a fait élire Macron en . Il aura donc son parti, ses idées, et ses préconisat­ions, dont, au premier chef, le rétablisse­ment des équilibres financiers, et le recul de l’âge de la retraite à , , ou même  ans. Idées qui, au passage, pourront embarrasse­r le candidat Macron lorsqu’il s’efforcera d’entraîner « en même temps » une partie de la gauche dans sa campagne. Comment ne pas penser, en l’écoutant hier, qu’édouard Philippe pose la première pierre, dès aujourd’hui, d’une autre aventure présidenti­elle : la sienne ?

« Il n’habitera pas dans la fameuse maison commune »

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