Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Christophe Fanichet : « Partout, il y a un appétit de ferroviaire »
Descendu tout spécialement de Paris pour la concrétisation de l’ouverture à la concurrence dans le transport ferroviaire de passagers, Christophe Fanichet, le P.D.G. de SNCF Voyageurs, n’a pas eu une journée de tout repos hier. Avant de se rendre à la Région pour assister à la « victoire » attendue de Transdev, il a rencontré les organisations syndicales quelque peu inquiètes pour l’avenir. L’après-midi, il a participé à ce qu’il appelle un « chat manager », un débriefing pour tenter de comprendre pourquoi la SNCF Voyageurs a perdu la ligne Marseille-toulon-nice. Entretien.
Vous avez dit ce matin « ressentir de la tristesse » d’avoir perdu la ligne des métropoles. Ce n’était pourtant pas une surprise ?
On sait depuis longtemps effectivement que SNCF Voyageurs, qui jusque-là jouissait d’un monopole, allait être mise en concurrence. La Région Sud est la première à ouvrir le transport de voyageurs à la concurrence. Et dans ce cas, malgré les valeurs que porte SNCF Voyageurs – à savoir la sécurité ferroviaire, le souci du service public – on était bien conscient qu’il y avait plus de chance qu’on ait de mauvaises nouvelles. On aurait malgré tout souhaité gagner le lot n° . Ça n’a pas été le cas, même si je suis très fier de l’offre présentée à la Région. Il faudra d’ailleurs qu’on tire les leçons du choix effectué par la Région, non pas pour le contester, mais pour comprendre et nous améliorer.
Après les efforts que vous aviez réalisés, sous la pression de la Région certes, vous n’avez pas le sentiment de ne pas avoir été récompensé ?
Il y a cinq ans les résultats en termes de régularité des trains n’étaient pas à la hauteur. On a redressé la barre en passant de , % à % de trains à l’heure. Ça n’a pas suffi pour garder le lot n° , mais on a réussi à gagner le lot n° , de loin « le plus compliqué » comme l’a fait remarquer Renaud Muselier.
Qu’est-ce qui vous fait positiver dans le fait de rester l’opérateur de ces lignes des Alpesmaritimes ?
On a la chance de travailler dans un secteur en croissance : la mobilité ferroviaire. Partout en Europe, il y a un appétit de ferroviaire. En Espagne, avec le Ouigo España qu’on opère depuis à peine six mois entre Madrid et Barcelone, on a ainsi augmenté de % l’offre. La Région croit dans le ferroviaire, son président y croit. Ça se traduit dans les appels d’offres puisqu’il a été demandé % de trains en plus entre Marseille et Nice et % pour l’étoile ferroviaire de Nice. Au terme des dix ans de la concession, on doit d’ailleurs augmenter de % le nombre de voyageurs sur ces lignes.
Vous avez rencontré les organisations syndicales ce mardi matin. Quel est l’état d’esprit des cheminots ?
Les organisations syndicales sont très au fait des appels d’offres, des enjeux posés par la Région et de ce qu’a fait l’entreprise SNCF Voyageurs pour y répondre, notamment la création d’une société dédiée : SNCF Sud Azur. Elles attendent de la part de l’entreprise qu’elle réussisse la transition annoncée. Les personnels se posent des questions sur ce qu’ils vont devenir, sur l’évolution de leur métier et c’est normal. À ce sujet, la SNCF a d’ores et déjà apporté des garanties sociales de haut niveau puisque le statut et le parcours professionnel des cheminots seront maintenus pour ceux qui rejoindront, dans un premier temps sur la base du volontariat, la société SNCF Sud Azur, filiale de SNCF Voyageurs. Mais l’organisation du travail changera inévitablement.
Pouvez-vous nous éclairer sur la façon dont le transport ferroviaire va s’articuler entre les différents opérateurs ?
La Région reste l’autorité organisatrice. C’est elle qui définira les services, qui déterminera les horaires des trains sur proposition des opérateurs. Pour le voyageur, qu’il prenne un TER SNCF ou un train des « métropoles » entre Marseille et Nice, ce sera transparent. Mais la SNCF Voyageurs, via sa filiale, a tout intérêt à garder la même qualité de service si, au moment du renouvellement de la concession dans dix ans, elle veut avoir toutes les chances de son côté pour gagner l’appel d’offres.
Comment expliquer aux voyageurs que malgré la concurrence le prix du billet ne changera pas ? C’est un choix de la Région. Le voyageur ne paye déjà qu’un quart du coût du service. Les / restants sont financés par la collectivité, autrement dit les contribuables. Avec les économies qu’elle va réaliser grâce à cette mise en concurrence, la Région a préféré faire circuler plus de trains, donc améliorer le service, plutôt que de baisser les tarifs.