Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Premier maire de Beaulieu, qui était Marinoni ?
Alors que la commune, longtemps hameau de Villefranche, célèbre son indépendance, qui est Hippolyte Marinoni, puissant patron de presse à l’origine de cette séparation.
S’il est un nom indissociable de celui de Beaulieu-sur-mer, c’est bien celui d’hippolyte Marinoni. Arrivé en 1880 dans ce qui n’est alors qu’un hameau de Villefranche-sur-mer, il rachète la propriété de l’ancien maire François Ferry entourée d’un terrain de 11 000 m². Il y fait édifier, par l’architecte Annibal Carlo, une superbe villa aux allures d’hôtel particulier parisien avec son toit à la Mansart et sa tourelle à la toiture recouverte d’ardoise. Quelques mois après le début des travaux, la construction est endeuillée par la mort de trois ouvriers écrasés par une pierre de taille tombée du haut de la bâtisse (1).
Dotée d’une trentaine de pièces, elle est rapidement baptisée par les habitants : Château Marinoni. La demeure domine le petit port de Beaulieu et son propriétaire y fait aménager un magnifique parc agrémenté d’une végétation luxuriante entretenu par quatorze jardiniers ainsi qu’une vaste pièce d’eau. Marinoni est alors au faîte de sa notoriété et de sa fortune mais la situation de ce self-made man n’a pas toujours été aussi florissante.
Orphelin attiré par le monde de l’imprimerie
Fils d’un brigadier de la gendarmerie royale de Paris, il naît en 1823 près de Melun. Orphelin à l’âge de 7 ans, il doit commencer à travailler à 14 ans comme apprenti tourneur-mécanicien pour aider sa famille (2). Il commence par fabriquer des composteurs puis son patron l’envoie les vendre à des imprimeurs typographes. Ce monde de l’imprimerie l’attire, il entre dans une usine de fabrication de matériel typographique et suit, après ses heures de travail, les cours du conservatoire des arts et métiers afin de perfectionner ses connaissances en mécanique. Ses compétences l’amènent bientôt à déposer deux brevets majeurs qui feront naître les fameuses presses rotatives Marinoni et permettront alors de multiplier le tirage des journaux par dix.
Puissant patron de presse amoureux de Beaulieu
En 1882, Marinoni prend la tête du quotidien Le Petit journal puis l’achète. Le journal dépassera le million d’exemplaires par jour au début des années 1900, faisant de Marinoni le patron du plus important groupe de presse au monde (2).
À Beaulieu, où il se rend très souvent, Marinoni met à profit son esprit entrepreneur afin de mettre en valeur ce coin de terre où il réside désormais.
Son souhait est en fait très simple : faire de Beaulieu une commune indépendante (lire ci-contre). Lorsqu’il voyage de Paris à Beaulieu il se déplace dans son wagon privé commandé à la Compagnie internationale des wagonslits. Les cloisons sont tapissées de teck et il comprend une cuisine, deux salons et une chambre à coucher avec salle d’eau. Quand il arrive à Beaulieu, Marinoni ne descend pas à la gare comme les autres voyageurs. Un nouvel arrêt, quelques centaines de mètres plus loin, se situe juste devant l’entrée de sa villa, dont le terrain jouxte le chemin de fer. Durant son séjour, le wagon privé est stationné sur une voie de garage de la gare de Beaulieu. Le patron de presse possède aussi, ancré dans le port, un yacht baptisé Électrique qui fonctionne avec des accumulateurs rechargés grâce à des génératrices disposées dans les sous-sols de sa villa.
Riche mécène pour la commune
Une fois l’indépendance de la commune acquise, Marinoni continue d’apporter régulièrement son aide financière pour la doter des équipements qui lui manquent. Il finance, sur ses deniers, une grande partie de l’agrandissement du port, fait installer un bureau