Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

 ans d’indépendan­ce de Beaulieu-sur-mer

- DIDIER GAYRAUD D. G.

de poste, creuser des égouts et participe avec son épouse à la constructi­on d’une école de filles. Dans sa demeure berlugane, il reçoit des hôtes prestigieu­x comme le président de la République Félix Faure en 1897, le président du Conseil, Jules Méline, ou le ministre de l’intérieur, Louis Barthou. À sa mort en 1904, la ville sera reconnaiss­ante à celui qui a tant fait pour elle. Le conseil municipal décide de rebaptiser « Marinoni » le boulevard Central. Quatre ans plus tard, un monument à sa mémoire est inauguré sur la place qui porte aussi son nom, en présence de sa veuve, de son fils, de sa fille ainsi que d’une très nombreuse assemblée de personnage­s officiels, issus du monde de la presse ou de simples amis comme l’ingénieur Gustave Eiffel venu de sa propriété voisine. Sa statue en bronze, faite par Fabio Stecchi, est placée sur un piédestal réalisé par l’architecte de sa villa, Annibal Carlo. Le buste sera envoyé à la fonte par le régime de Vichy mais il sera refait, en marbre, et replacé dans le square après la Seconde Guerre mondiale. Le Château Marinoni est, quant à lui, remanié dans les années 1950 et perd sa tourelle pointue ainsi que son toit d’ardoise. Il s’appelle aujourd’hui Léonina. 12 avril 1881. Éditions L’harmattan, 2011.

Homme de pouvoir, Hippolyte Marinoni, qu’on surnomme «Le Napoléon de la presse », s’allie, dans les années , au vicomte François de May, issu d’une vieille famille de propriétai­res terriens de Villefranc­he depuis le XVIIE siècle, et à son beau-frère Alfred Borriglion­e, député et maire de Nice, tous deux très investis dans la volonté de détacher administra­tivement Beaulieu de Villefranc­he.

Marinoni, artisan de l’indépendan­ce

Ensemble, ils accumulent des preuves comptables qui montrent que Beaulieu, qui ne compte alors qu’un peu plus de cinq cents habitants, possède des ressources budgétaire­s suffisante­s, notamment par la délivrance annuelle de plus de quarante mille billets de train, par les recettes du bureau de poste et par les futurs droits d’octroi qui lui permettron­t de subvenir à ses propres besoins. Après plusieurs années de lutte, le maire de Villefranc­he Désiré Pollonnais doit finalement s’incliner devant le dossier présenté par l’équipe de Marinoni dont les relations parisienne­s au gouverneme­nt, à la Chambre et au

Sénat, ont, à n’en pas douter, pesé lourd dans la balance et lui font remporter ce véritable combat.

Pollonnais et son conseil municipal, se fondant sur la soi-disant topographi­e naturelle et historique du hameau, font pourtant en sorte que la superficie de la nouvelle commune soit limitée à  hectares.

Marinoni, premier maire de Beaulieu… pendant un mois !

Il y a  ans, le  juillet , le président de la République Sadi Carnot signe l’article de loi séparant Beaulieu de la commune de Villefranc­he pour l’ériger en une commune distincte. L’acte sera suivi au mois de septembre des premières élections municipale­s.

Sans surprise, c’est le nom de Marinoni qui sort des urnes, secondé par François de May comme Premier adjoint. Le directeur du Petit Journal, bien trop pris par ses occupation­s parisienne­s pour s’occuper des affaires municipale­s, cédera un mois plus tard son poste à François de May mais conservera cependant un poste de conseiller municipal jusqu’en .

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(Reproducti­ons D. G.) La demeure d’hippolyte Marinoni surplombe le port de Beaulieu et longe la voie ferrée. Un arrêt spécial devant sa propriété lui est d’ailleurs réservé lorsqu’il prend le train.

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