Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Un troupeau décimé par des loups dans le Haut-var

L’hiver dernier à La Verdière, une famille d’éleveurs ovins avait payé un lourd tribut face aux assauts de loups. Le scénario semble se répéter avec deux attaques sanglantes ces derniers jours.

- VIRGINIA DRAI vdrai@nicematin.fr

Deux attaques en deux jours. C’est une énième tuerie dont a été victime un troupeau de l’éleveur de La Verdière (Var) Guillaume Menut et de son père Christian, les nuits des 29 et 30 octobre. Le bilan s’élève à vingt-six bêtes tuées (quinze agneaux et onze brebis) et huit brebis blessées, auquel il faut ajouter dix-sept bêtes disparues. La lueur d’espoir suscitée par la visite du préfet « référent loup », en mars dernier, s’est muée en colère et en désarroi face à cette nouvelle attaque (lire par ailleurs).

Dommages collatérau­x

Cet été, les troupeaux de l’éleveur ont connu un court répit. En période d’estive, les bêtes sont emmenées dans les massifs du Mercantour.

« En trois mois, seulement deux bêtes ont été attaquées, dans cette zone pourtant réputée pour sa présence de loups. Les bêtes sont plus en danger ici, à la Verdière, où les meutes sont virulentes et les individus plus nombreux, déplore le berger. On est revenus depuis à peine trois semaines et on perd déjà trente bêtes en deux jours. »

Et Guillaume Menut craint une multiplica­tion des attaques. L’hiver dernier, entre décembre et février, 250 animaux avaient succombé aux attaques de canidés. Un inspecteur environnem­ent de l’office français de la biodiversi­té (OFB) est venu dresser un constat du nombre de victimes, préalable nécessaire à l’indemnisat­ion des éleveurs. Mais, selon l’exploitant Guillaume Menut, cette indemnisat­ion ne compense pas l’intégralit­é du préjudice subi. Seuls les animaux blessés ou décédés sont comptabili­sés. Les disparus ne sont pas pris en compte. Ni les nombreuses brebis ayant perdu leurs petits ou agneaux privés de leur mère, qui ne survivront pas.

Un nombre de loups sous-estimé

Pour l’éleveur d’ovins, le loup ne devrait pas être considéré comme une espèce protégée. « Cela fait dix ans que l’on nous dit qu’il y a cinq cents loups en France mais il y en a beaucoup plus. Les autorités ne veulent pas donner les véritables chiffres. Si on admettait que leur nombre est largement supérieur, le loup pourrait être déclassé et ne serait plus considéré comme menacé. Du fait de son statut, pour avoir le droit d’abattre un loup, il faut remplir un dossier à la préfecture et c’est un délit de les tuer. Or, si les chasseurs ne craignaien­t pas une amende, cela régulerait leur population. Nous, on n’a rien contre le loup, on veut juste protéger nos bêtes. »

Le berger, impuissant, prend pourtant toutes les mesures requises pour protéger ses troupeaux. Les deux récentes attaques ont eu lieu pendant la nuit. Qui dit élevage extensif, dit bêtes laissées en liberté, même la nuit. Les barrières électrifié­es et les deux chiens de garde par troupeau n’ont pas fait le poids face à la meute. Les blessures des chiens témoignent de leur lutte contre les loups, laissant imaginer un bilan encore plus lourd sans leur interventi­on.

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(Photo V. D.) L’éleveur Guillaume Menut constate les dégâts de l’attaque de loups sur son troupeau. Selon lui, cette brebis ne survivra pas à sa blessure.

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