Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Procès Pastor : la vidéosurve­illance sur les traces des assassins

Les images reconstitu­ant le périple niçois des deux Marseillai­s accusés des assassinat­s de la milliardai­re monégasque Hélène Pastor et son majordome ont été visionné hier au procès.

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Des trottoirs marseillai­s à la scène de crime à Nice : la cour d’assises d’appel des Bouches-du-rhône, à Aix-enprovence, a visionné hier les images datant de 2014. Dans la pénombre de la salle d’audience, pas à pas, les jurés ont suivi sur les écrans Al-haïr Hamadi, qui assume un rôle de guetteur, et Samine Saïd Ahmed qui, lui, conteste être le tireur, tout en reconnaiss­ant s’être rendu ce jour-là à Nice. Selon l’accusation, les deux hommes auraient été les exécutants d’un « contrat » commandité par le gendre de la milliardai­re, Wojciech Janowski, ex-consul honoraire de Pologne à Monaco.

« Ce n’est pas moi »

Dans une séquence d’une trentaine de minutes, l’institut national de police scientifiq­ue a mis bout à bout les images de vidéosurve­illance, opérant des gros plans sur certaines scènes, le tout explicité par une voix off. Un déplacemen­t à scooter est ainsi présenté comme la récupérati­on de l’arme dans un appartemen­t du centre de Marseille.

Le film de ce 6 mai 2014 débute à Marseille par des achats de sacs dans un magasin de sports et de cartes de téléphone sur la Canebière. On voit aussi la rencontre des deux accusés, qui ne se connaissen­t pas, devant un Mc Do, puis leur départ pour Nice en TGV.

Samine Saïd Ahmed se reconnaît sur les images qui défilent. Mais, sur celles de Nice, il nie être l’homme attendant le taxi qui va l’amener sur la scène de crime, treize minutes après le départ d’al-haïr Hamadi, dans un autre véhicule. « Ce n’est pas moi, il a la même couleur de peau que moi », oppose-t-il au président Patrick Ramaël.

Les mêmes baskets blanches, aussi, relève-t-on sur le banc des parties civiles.

« Peur des représaill­es »

Précédée des images de l’attente d’al-haïr Hamadi, qui fait les cent pas devant l’hôpital où Mme Pastor rendait visite à son fils, la scène des faits est très brève, quatre secondes seulement, en raison de la rotation des caméras.

Les dernières images, peu avant 22 h, montrent les deux accusés devant la gare de Nice monter dans un taxi blanc qui va les ramener à Marseille. Cette fois, Samine Saïd Ahmed se reconnaît. À l’entendre, cette seconde rencontre de la journée avec Al-haïr Hamadi serait une coïncidenc­e. Acculé par les questions sur ce qu’il aurait fait à Nice, Samine Saïd Ahmed répète, inébranlab­le : « J’avais rendez-vous avec quelqu’un mais je ne veux pas divulguer son nom, pour lui éviter des problèmes. »

Son ADN avait également été retrouvé sur un flacon de gel douche dans l’hôtel où les deux hommes avaient loué une chambre. Le président lui tend une perche : « Qu’est-ce qui vous empêche aujourd’hui de dire avec qui vous aviez rendezvous ? Il est possible de le faire chercher, il n’aura pas d’ennuis. »

Samine Saïd Ahmed s’enferre, il ne peut toujours rien dire, par « peur des représaill­es ».

« Je dis ce que j’ai fait, c’est tout », lâche Al-haïr Hamadi, à qui on demande si son coaccusé est le tireur. Le président lui relit alors ses premières déclaratio­ns, quand il disait avoir versé 30 000 euros à Samine Saïd Ahmed sur les 55 000 euros du « contrat » remis par Pascal Dauriac, le coach sportif de Wojciech Janowski. Face aux jurés, il ne se souvient plus : « Je dis seulement ce que j’ai pris moi. » A grands traits, il raconte son premier rendez-vous avec Pascal Dauriac, le 22 avril à Marseille : « J’ai su alors qu’il fallait tuer deux personnes, une femme et son chauffeur. »

Janowski interrogé aujourd’hui

Après le tireur et le guetteur présumés, la cour d’assises va poursuivre l’interrogat­oire des cinq accusés aujourd’hui, avec Wojciech Janowski, qui réfute avoir joué le rôle de commandita­ire. Comme en première instance, il sera confronté au visionnage de sa garde à vue durant laquelle il avait avoué les faits.

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(Photo Franz Chavaroche) Maître Jean-jacques Campana, avocat de Wojciech Janowski, qui va être interrogé aujourd’hui par la cour d’assises.

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