Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)
Quartier Saint-jacques à Grasse, un parking « hanté » intrigue
Une dizaine de riverains ne parviennent plus à actionner leur télécommande pour ouvrir ou fermer leur véhicule dans le quartier. Comment l’explique-t-on ?
Au début, nous pensions à une blague. Dans un monde numérique où les trolls (1) ne cessent de se multiplier, nous n’avions pas deviné le sérieux la publication d’un Grassois, visiblement intrigué par ce qu’il venait de lui arriver. « Je suis allé à la pharmacie de Saint-jacques avec mon scooter. Lorsque j’ai voulu repartir, impossible de démarrer car ma clef ne reconnaissait plus le véhicule », peut-on lire. Seulement quelques heures se sont écoulées avant que d’autres utilisateurs du réseau social ne témoignent à leur tour.
« J’ai eu le même ennui avec ma voiture. Je n’ai pas pu la fermer à distance »,
raconte une jeune femme. De quoi en rassurer une autre : « Je pensais que la pile de ma télécommande était usée, mais une fois arrivée chez moi, cela a fonctionné normalement. »
D’autres messages, envoyés sur l’adresse mail de notre rédaction, ont appuyé ce phénomène. Que l’on a ensuite constaté une fois sur place auprès d’une dizaine de véhicules, de toutes marques différentes, pendant plusieurs heures.
Deux émetteurs dans le secteur
Alors, que se passe-t-il réellement dans ce secteur ? Certains se plaisent à imaginer un parking « hanté ». Mais non. D’autres pointent du doigt l’antenne 4G, installée sur le parking du stade Jean Girard. Ou la future 5G, pas encore mise en place. Ce ne peut être pour cette raison, si l’on en croit une porte-parole de la Ville : « Ce ne peut pas être lié aux ondes de téléphonie. »
Ces deux hypothèses éliminées, que reste-t-il ? Un appareil, installé au sein de la pharmacie ou dans un cabinet médical pourrait-il émettre un champ magnétique qui impacterait l’ouverture ou la fermeture d’un véhicule ?
Pour trouver un élément de réponse, Robert Staraj, professeur à l’université Côte d’azur et directeur du Laboratoire électronique, antennes et télécommunications (LEAT), a d’abord analysé les fréquences utilisées par les télécommandes. « Ce sont des 433 MHZ en Europe », affirme ce dernier. Il a ensuite vérifié combien d’émetteurs étaient fixés autour des lieux. Résultat ? Deux. Mais aucun n’affiche une fréquence de 433 MHZ. Son confrère Philippe Le Thuc, lui-même grassois, a également réalisé « quelques relevés de mesure avec des appareils dont nous disposons » , explique Robert Staraj. Là encore, rien n’a été souligné. Bon, le verdict final ? Probablement « une émission parasite à durée limitée dans la journée en fonction, peut-être, d’une application ou d’une machine électrique ».
Reste à trouver d’où elles viennent. Mais pour cela, il faudrait un relevé à longue durée…
1.Un troll est un internaute qui provoque délibérément les autres par le biais de commentaires.