Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

« Beaucoup de champagne »

Star suédoise des années 70-80, Ralf Edström a remporté quatre titres avec le PSV et le championna­t de France en 1982 avec L’ASM. Il garde des souvenirs émus de sa vie sur le Rocher.

- PROPOS RECUEILLIS PAR LEANDRA IACONO

Ralf, quel type de footballeu­r étiez-vous ?

On se rappelle surtout de moi pour mon jeu de tête, mais j’avais un bon pied gauche (rires). J’ai commencé en tant que milieu quand j’étais plus jeune. Ce qui m’a permis d’avoir une bonne vision du jeu. Je n’étais pas très costaud mais j’étais un joueur plutôt intelligen­t. C’est important. Courir vite, c’est bien, mais il en faut aussi un peu dans la tête.

Comment s’était organisé votre transfert à Monaco ?

Je suis venu à Monaco pour remporter des titres. Je venais de gagner la Coupe de Belgique avec le Standard de Liège mais on n’avait pas été champions. Gérard Banide était le coach à Monaco. Lui voulait que je joue  et m’avait fait venir pour ça mais le président du club, Jean-louis Campora a décidé d’acheter Eric Pécout de Nantes, alors j’ai débuté en . Et puis Eric s’est blessé. J’ai marqué  buts !

Votre meilleur souvenir sur le Rocher ?

On a décroché le titre lors de ma première année ici. C’était fantastiqu­e et une surprise car on n’était pas favoris. Avec Umberto Barberis, on était les deux joueurs les plus vieux de l’effectif. On était entourés par des jeunes comme Amoros ou Bellone. On avait une très belle équipe. Je me rappelle que la fin de saison avait été un peu étrange. Nous, on jouait contre Strasbourg et Saint-étienne devait à tout prix l’emporter avec au moins  buts d’écart contre Metz. On a gagné - et les Verts -. C’était à peine croyable, Metz était censé être la meilleure défense du championna­t. Comment ont-ils fait pour perdre d’autant ? Les médias n’en ont presque pas parlé, ou juste pour souligner à quel point Saint-etienne avait fait un grand match. L’année suivante, le défenseur de Metz, Philippe Mahut signait là-bas...

Votre but préféré avec Monaco ?

Celui contre Nantes à domicile. On les bat  à . Je marque de la tête, comme très souvent dans ma carrière (rires). C’est un but très important contre une grande équipe.

Justement, d’où vient votre incroyable jeu de tête ?

Oh, je ne sais pas (rires).

Petit, je vivais au troisième étage. Je passais mon temps à descendre et remonter en courant, en sautant. Peutêtre que c’est comme ça que j’ai travaillé ma détente

(rires). Lors de mes quatre premières sélections en équipe de Suède, j’ai marqué  buts dont  de la tête ! C’est pas mal.

L’ASM est un club spécial dans un endroit spécial. Quelle vie aviez-vous ?

Je venais de Liège où le temps était souvent mauvais, avec beaucoup de pluie. Et puis je descends à Monaco.

Il y a le soleil, la Méditerran­ée. C’était super pour moi et pour ma famille. Pour les impôts, c’était très bien aussi (rires) . La deuxième année, j’ai eu des problèmes au genou. Ma carrière s’est achevée à ce moment-là. J’ai essayé de me relancer en Suède mais je ne pouvais plus jouer.

Vous avez laissé de très bons souvenirs.

Je l’espère. Quand je suis arrivé, tout le monde a pris soin de moi. Je n’ai jamais eu aucun problème avec personne. L’ambiance dans le vestiaire était très saine. J’ai croisé il y a quelques années Claude Puel lors d’une Coupe du monde. On était tous les deux commentate­urs, lui pour la télé et moi pour la radio. Il m’a dit « Ralf, on n’aurait jamais gagné le championna­t sans toi. »

C’était si gentil de sa part.

Vous vous retrouviez souvent entre coéquipier­s après les matchs ?

On a bu énormément de champagne (rires). A chaque victoire à domicile, on y avait droit. J’ai joué en Suède, aux Pays-bas et en Belgique et je n’avais jamais vu ça avant !

Vous vous sentiez dans un autre monde ?

Oh que oui ! Passer de la Suède à Monaco, c’est assez déroutant. Il y a beaucoup plus de gens et surtout de l’argent partout. Tout était hors-normes.

Assez pour se perdre ?

Non. Je suis né dans une petite ville. Oui, j’avais besoin d’argent mais je n’ai jamais fait n’importe quoi avec. Je n’ai jamais été du genre à me montrer. Je me suis toujours senti chanceux de pouvoir gagner de l’argent grâce à mon hobby. Quand j’avais - ans, je demandais sans cesse des sous à mes parents en leur promettant que je les rembourser­ais quand je serais profession­nel.

Vous leur avez rendu ?

Bien sûr. Je leur ai acheté une maison (rires).

Vous avez rencontré la famille princière ?

Albert était là quand on a fêté le titre. J’ai aussi rencontré la princesse Grace. On jouait contre Dundee en Coupe de L’UEFA. Elle et son mari le prince Rainier-iii étaient en voyage en Ecosse et sont venus nous voir jouer. Le président Campora m’avait installé près d’elle car je ne parlais pas très bien français. On a échangé en gardien.

Le plus méchant ?

Personne n’avait vraiment cette attitude. Peut-être Didier Christophe. C’était un gars solide qui donnait tout pour l’équipe. Il était très important mais il avait des hauts et des bas. Parfois, il pensait qu’il était un meilleur footballeu­r qu’il ne l’était vraiment (rires).

Vous êtes revenu à Monaco récemment ?

Une fois. Et je dois dire que ça a énormément changé. J’ai dit à ma femme, c’est ici que je jouais et maintenant ça été remplacé par un Mcdonald’s (rires). Quant au nouveau stade, il n’y avait que la mer à mon époque. Ça m’a fait bizarre ! Il y a aussi beaucoup de nouvelles constructi­ons mais quand je vois Monaco à la télé, ça réveille toujours en moi de bons souvenirs.

Que retenezvou­s de vos  ansaupsv?

Ivan Curkovic...

Il m’a frappé très, très fort dans la tête. Il m’a mis KO à la e minute du match retour. Le dirigeant suédois Lennart Johansson m’a raconté l’avoir rencontré un jour alors que Curkovic était à la tête de la sélection serbe. Il a expliqué que c’était son entraîneur Robert Herbin qui lui avait demandé de me faire mal pour que je ne puisse plus jouer. Il a expliqué qu’il regrettait beaucoup.

Vous y croyez ?

 ans après, pourquoi mentirait-il ? Ça ne change rien à ce qui s’est passé ce jour-là mais ça m’a consolé.

Le meilleur joueur de tous les temps ?

Sans contestati­on possible, Johan Cruyff.

Votre Ballon d’or ?

Robert Lewandowsk­i. Vous avez vu le nombre hallucinan­t de buts qu’il a marqués avec le Bayern ?

A quoi ressemble la vie de Ralf Edström ?

J’ai  ans. J’ai travaillé durant  ans à la radio en Suède, jusqu’en . Aujourd’hui, je fais partie de l’associatio­n suédoise pour les sports paralympiq­ues. J’aide les athlètes. Je leur cherche des sponsors pour qu’ils puissent financer leurs voyages et participer aux compétitio­ns internatio­nales. Ça me plaît. Et puis, je profite de ma famille, car il n’y a rien de plus important.

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(Photo Peter Claesson)
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