Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

À Vence, il ramasse tous les mégots qu’il trouve

Dominique se fait appeler « le mégotator ». Armé de sa pince et de ses conviction­s écolos et pacifistes, ce retraité de 67 ans nettoie les rues de sa ville quasiment tous les jours depuis un an.

- ORNELLA VAN CAEMELBECK­E ovancaemel­becke@nicematin.fr

L’oeil aiguisé, il traque les mégots qui traînent sur le sol. Équipé de sa pince, Dominique les ramasse un à un. À Vence, ce retraité de 67 ans se fait surnommer « le mégotator ». « Un jeu de mots avec “T’as tort”, car les fumeurs ont tort de polluer leur ville et en référence à Terminator, le film avec Arnold Schwarzene­gger », explique-t-il, amusé. Sauf que ce « Schwarzy » là, il porte un message écolo. Et pacifiste. « Je suis issu d’une famille de hippie, on se couperait un bras pour aider notre prochain. »

Depuis un an, Dominique nettoie sa ville. Ramasse tous les filtres à cigarettes qu’il croise. À Vence, Il est devenu une vraie figure locale. Rencontre.

Un « travail citoyen »

Lorsqu’on déambule avec lui sur la place du Grandjardi­n, Dominique ne s’arrête jamais. « À force de les traquer, je ne vois que ça ! » Dans sa main droite, il tient un sac en papier kraft. À l’intérieur, il a placé une bouteille équipée d’un entonnoir, afin de ne pas viser à côté quand il y glisse un mégot. « J’ai tellement de bouteilles pleines dans mon garage que je ne peux même plus les compter ! »

Le « mégotator » ne veut pas les jeter à la poubelle. Sa mission ne serait «pas aboutie ». « Avec l’associatio­n VIE Initiative­s Environnem­ent de Vence, je suis en train de chercher un endroit pour les recycler. »

À la mairie, il peut jeter les masques, qu’il collecte également. Mais ça s’arrête là.

« Je ne ramasse rien d’autre. »

Son geste, il le considère comme un « travail citoyen ». «Un mégot par terre, c’est 500 litres d’eau polluée à lui tout seul ! Vous vous rendez compte ? Quel monde allons-nous laisser à nos enfants et petits-enfants ? »

Atteint d’un cancer il y a plusieurs années, Dominique s’en est sorti. Et depuis, il veut apporter sa contributi­on au monde.

« J’ai passé des semaines dans une chambre stérile. Seul face à moi-même, je me suis demandé “comment est-ce que je pourrais faire quelque chose d’utile ?” »

« Je n’ai rien contre les fumeurs »

Lui qui veut « parler avec les actes » aime aussi parler avec les passants. Certains le saluent. D’autres le remercient. Un simple sourire, un bonjour, un « Bonne année Monsieur ! », suffisent à lui donner du baume au coeur. Dominique souhaite « réhumanise­r l’humanité ». Et pour les fumeurs ? «Je n’ai rien contre les fumeurs, je l’étais moi-même avant d’avoir ma fille, il y a 33 ans. Mais j’essaye d’ouvrir les conscience­s. »

Éternel optimiste, il garde toujours le sourire. «Lavie est merveilleu­se, c’est un bonheur d’aider à nettoyer la ville. Ça me fait faire de la marche et du Tai-chi, à force de me baisser. [Rires] »

Mais il ne sort pas de chez lui uniquement pour ça. « Je m’y attelle toujours quand je vais quelque part ou quand j’ai une course à faire. Et jamais quand nous nous promenons avec ma femme. »

Plus de 150 mégots sur 600 mètres

En chemin pour nous rejoindre, sur une distance de 600 mètres, il a récolté plus de 150 mégots. Énorme. « Mais il y en aura autant sur le chemin du retour, en l’espace de deux heures », regrette le Vençois. Il défend : « Ce n’est pas la mairie ni les employés municipaux qui sont en tort. Ce sont ceux qui font le geste de jeter par terre. Ils pensent que c’est anodin mais cela peut avoir des conséquenc­es dramatique­s. » Et si on ajoutait plus de cendriers ? « Ça ne changerait rien, selon le « mégotator », si vous saviez le nombre de mégots que je retrouve juste devant la poubelle... »

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(Photo Ornella Van Caemelbeck­e) Dominique, 67 ans, ramasse tous les mégots qu’il croise à Vence depuis un an.

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